© Docks 66
Régis Sauder revient en 2014 à Forbach, village de son enfance situé en Moselle, à l’occasion du déménagement de ses parents de la maison de famille. C’est également le moment où le FN remporte les élections européennes dans la commune. Que reste-t-il de la ville de son enfance ?
La voix-off du réalisateur nous entraîne avec elle dans l’histoire de Forbach et celle de ses habitants. Ils racontent leurs visions de la ville, ainsi que de leur jeunesse. Une dizaine de personnes constitue l'échantillon de profils qui nous est donné à voir par le réalisateur. Des hommes et femmes de toutes origines, de tous âges, de situations différentes, mais qui ont un point commun : être habitant de Forbach et y avoir grandi. Et globalement, c’est surtout la nostalgie qui domine et la peur d’un futur incertain.
Il pose la question des origines (peut-on renier le lieu d’où l’on vient et en particulier de Forbach ?) et à travers cette question celle du vivre ensemble. Car il est ici question de la fracture entre les logements des « cités » et le reste de la ville, à l'image de la fracture du sous-sol due à l’exploitation minière de la région. Et c’est bien la peur de l’autre qui gangrène les individus de notre temps, un mal qui est déploré par certains protagonistes. Son film est ponctué d’images de façades de commerces fermés, de locaux vides à louer ou en vente, apportant la preuve de la difficulté économique de cette ville minière qui n’a pas su prendre un virage économique lors de la fermeture de ces mines.
La question du futur de cette ville, et en sous texte de celui de la France (on peut voir Forbach comme la métaphore de nombreux villes et villages français) est également abordée. Pour y répondre le réalisateur choisit une image iconique : celle des défilés de voiture un soir de match durant l’Euro de football à l’été 2016. Une image qui paraît stéréotypée pour montrer l’union de tout un peuple, d’un pays.
Le problème avec ce documentaire, c’est qu’à laisser la parole à de nombreux acteurs sur de nombreuses thématiques, rien n’en ressort véritablement. En effet, on traite ici à la fois de la question de l’intégration, de la jeunesse, du travail, du passé de la ville (qui disons-le, transpire la nostalgie et fait office de « temps perdu » après lequel courent les protagonistes) mais sans réussir à développer l’un de ces sujets de façon complète et pertinente. De plus, les passages sur la maison des parents de Régis Sauder dénotent avec le reste du documentaire et desservent ce travail d’interrogation sur le changement en marche à Forbach.
En somme un documentaire qui fait place à une vision dépréciative du temps présent, et à la nostalgie d’une certaine époque, ceci malgré une image finale pleine de promesse en laquelle semble croire le réalisateur. Au final, un retour à Forbach plutôt mal négocié.
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