© Océan Films
Grand photographe, adulé, Finn vit à 100 à l'heure, entre séances photo, rendez-vous, téléphone sonnant sans arrêt et lecteur mp3 visé sur les oreilles. Toutes ses émotions sont exacerbées, dans cette vie où il n'arrive pas à trouver le sommeil, jusqu'au jour où il part à Palerme pour un shooting...
Il eut été difficile de faire un film sur le parcours d'un photographe sans pousser à l'extrême l'esthétisme de chaque plan ; c'est donc ce que c'est attelé à faire Wenders ici. Du générique en pellicule photo, aux premiers plans où l'on admire un couché de soleil entre 2 fenêtres, tout est millimétré. L'architecture mise en avant est théâtrale, que l'on soit à Düsseldorf, ville moderne, à Palerme la petite ville bucolique italienne. Et même son personnage principal, qui n'est autre que l'ex chanteur du célèbre groupe allemand 'Die toten hosen', autant par son visage et son corps ne trahit une imperfection dans le monde d'apparence dans lequel il évolue.
Wenders a choisi d'articuler le parcours initiatique de Finn tel un triptyque, partant de la vie sans repos du photographe, passant par le trauma d'un accident à Palerme qui le mènera à réfléchir sur le sens de sa vie, et enfin l'affrontement de sa peur de la mort, personnifié ici par Dennis Hopper (chose rare au cinéma, car c'est souvent Dieu ou le diable qui sont représenté, ou bien la mort avec sa faucille). La réflexion sur le sens de la vie, via l'errance du personnage dans Palerme, est fascinante. Finn flotte un peu comme dans un rêve à la Gondry, où les hallucinations sont nombreuses. La notion du temps échappe complètement au personnage comme à nous ; cette prise de conscience de la vie le perturbant trop et remettant en question toutes ses années passées.
Le sentiment de perte de repère, autant que la vie passée du photographe, ne saurait être illustré par de la musique, marque de fabrique du cinéaste allemand, fan de Nick Cave, U2, Portishead, Bob Dylan, ... C'est dans une odyssée musicale que se déroule ce rendez-vous à Palerme, et d'ailleurs on y rencontre Lou Reed au détour d'une petite rue italienne...
« Rendez-vous à Palerme » divisera certainement les spectateurs car malgré l'esthétisme, la qualité des choix musicaux et des acteurs, certains se demanderont pourquoi Wenders ne s'est pas arrêté au simple voyage initiatique du photographe, et avoir voulu pousser la réflexion sur la vie et la mort de cette manière. A vous de choisir votre camp, pour ma part, la beauté et le rythme de ce film m'ont transporté dans les moindres émotions de ce photographe, aux allures félines.
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