© Diaphana Films
Dans les années 80, une adolescente doit quitter le Bengladesh pour se marier selon les traditions. Elle renonce ainsi à son enfance, qu'elle partage avec sa petite sœur, pour se rendre à Londres et épouser un homme plus âgé qu'elle ne connaît pas. Devenue adulte, elle mène une vie d'épouse réservée et de mère dévouée, soumise à son destin, dans un quartier où règnent la xénophobie et la pauvreté. Or le licenciement de son mari, ses débuts de couturière à domicile et sa rencontre avec un jeune homme du quartier lui aussi de famille étrangère font basculer son existence linéaire...
L'histoire de cette jeune femme, tiraillée entre ses racines et un improbable rêve de liberté, constitue un sujet presque banal, une approche mille fois adoptée pour situer les Indiens dans la société britannique. Pourtant, il se dégage de ce film un souffle inhabituel. On assiste souvent aux frustrations de la jeunesse indienne bridée par les traditions familiales et le regard des autres, moins aux luttes intérieures d'une personne qui n'aspire pas à s'en échapper.
Pour ce premier film, Sarah Gavron fait preuve d'une belle maîtrise. La réalisation, soignée, puise son esthétique dans la beauté et la retenue de l'actrice. Les décors, principalement l'intérieur de l'appartement, et le jeu de lumière, illustration des tensions qui s'exercent avec le monde extérieur, créent une atmosphère d'intimité permanente.
Orgueilleux, fragiles, profondément humains, les personnages sont pleins d'humilité. Alors qu'il aurait été simple de dénoncer l'archaïsme des traditions, de s'apitoyer sur la mariée et de déconsidérer son mari, Sarah Gavron choisit de confronter chacun à ses contradictions, révélant contre toute attente une autre part des personnages. Pas de jugements ni de misérabilisme. "Rendez-vous à Brick Lane" nous livre une jolie histoire d'éveil à la vie et une invitation à la découverte de soi-même.
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