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Jackie, opératrice CCTV (vidéo surveillance), repère un homme qui ne devrait pas être libre. Après vérifications, elle découvre qu'il s'agit bien de l’homme qui a tué toute sa famille et que celui-ci a été libéré sur parole. S’en suit une traque surprenante et émouvante par caméras interposées…
Red Road est né d’un projet surprenant de Lars Von Trier, avec une idée maîtresse : réaliser 3 films, avec trois réalisateurs et trois lieux différents, mais avec les mêmes acteurs. Un projet qui pouvait à la fois inquiéter dans sa démarche (une nouvelle lubie de l’inventeur du dogme ?) et exciter les plus curieux.
Red Road s’avère finalement le véritable coup de cœur du dernier Festival de Cannes, tant par l’acuité et l’originalité de sa mise en scène, que par la dimension émouvante de son histoire, servie par l’interprétation formidable de Kate Dickie.
Soulignons donc dans un premier temps le choix original de la réalisatrice. Le cœur de l’intrigue reposant sur la découverte fortuite d’un homme via des caméras de surveillance (la fameuse CCTV anglaise), une grande partie du film nous est donc proposée par écrans interposés, au fur et à mesure que Jackie devient obsédée par cet homme et va suivre l’ensemble de ses mouvements. On découvre alors l’éventail technologique et les capacités de la CCTV à suivre nos moindres mouvements, partout et tout le temps. Beaucoup d’évènements se déroulent de nuit dans Red Road, et le jeu d’éclairages mis en place par Andrea Arnold est ici parfaitement réussi, permettant de mettre en avant la tension et l’émotion que distille le film.
Red Road nous délivre également un portrait social acerbe de la pauvreté et de l’isolement dans certains quartiers de Glasgow, tout en mettant en avant les enjeux soulevés par la CCTV et son aspect « Big Brother ». Bien au-delà de ces considérations, l’héroïne se trouve confrontée à des situations dramatiques, et des choix particulièrement difficiles. Elle se retrouve en effet ici face à l’homme qui a tué l’ensemble de sa famille et donc ruiné sa vie. Le spectateur est alors totalement emporté dans la spirale auto-destructrice de Kate Dickie, émouvante à souhait, qui doit choisir de pardonner ou non, jusqu’au final surprenant, éprouvant, mais terriblement réaliste et humain.
Difficile de vous faire plus partager le coup de cœur ressenti à la vision de ce film sans trop en dire sur l’intrigue, mais on ne pourra que conseiller de se ruer vers cette Red Road pour découvrir par vous-même un premier film plus que réussi, récompensé à Cannes par le Prix du Jury.
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