© Wild Bunch Distribution
Sam et Céline sont amies et colocataires. Elles galèrent depuis la fermeture de l’usine dans laquelle elles travaillaient. Alors que Céline joint les deux bouts en bossant pour un téléphone rose, Sam cherche vainement un emploi, avec une pression supplémentaire : les services sociaux menacent de lui retirer la garde de sa petite sur, Kim, qui reste traumatisée depuis la mort de leur mère dans un accident. Sam croise alors par hasard Paul, l’avocat de son ancien patron, qui lui propose un marché inattendu : porter l’enfant qu’il souhaite avoir avec son compagnon, en échange d’une coquette somme...
Tourné en grande partie à Saint-Étienne et dans la commune voisine de Saint-Chamond, cette comédie sociale aurait pu être un équivalent stéphanois de "Bienvenue chez les Ch’tis". Mais ce n'est pas le cas et tant mieux (sauf pour le box-office du film). Contrairement à Dany Boon, Charlotte de Turckheim ne joue pas à fond la carte de la couleur locale, n’étant d’ailleurs pas elle-même originaire de cette région. Saint-Étienne et ses environs servent avant tout de toile de fond sociale et culturelle, n’envahissant pas l’écran jusqu’à plus soif comme dans le succès ch’ti. Le film laisse peu de place à l’accent local et encore moins aux expressions gagas, l’élément culturel le plus exploité étant évidemment l’ASSE (pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce club de foot, soulignons que le titre du film reprend le refrain de la mythique chanson "Allez les Verts"). Notons aussi que le film est adapté d’une pièce de théâtre qui se déroule dans le nord de l’Angleterre, donc l’objectif premier n’était pas de faire un film sur Saint-Étienne. Et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le film lorgne plus du côté de Ken Loach que de Dany Boon.
Finalement, même si le spectateur stéphanois peut d’abord regretter de ne pas avoir « son » film identitaire culte comme l’ont eu les Nordistes, ce traitement relativement équilibré de la région (ni trop mise en avant, ni trop en arrière-plan) est un vrai atout pour le film et permet de mieux se concentrer sur des personnages bien plus travaillés que ceux de Dany Boon (oui, on va tirer la comparaison jusqu’au bout !). Si le début est un peu pagaille et si certaines scènes manquent d’inventivité ou de crédibilité (par exemple tout ce qui concerne les services sociaux, où on se sent parfois dans un téléfilm de qualité moyenne), l’histoire parvient à alterner humour et émotion avec une certaine efficacité. La comédie reste assez légère et, surtout, ne donne pas trop l’impression d’être un ajout artificiel : chaque élément comique pourrait être une situation authentique (là aussi, on est donc loin du film de Dany Boon qui versait – volontairement – dans l’excès).
Audrey Lamy incarne à merveille cette alternance de tons et cette impression d’authenticité : l’excentricité de son personnage n’est en fait qu’une façade qui lui permet de positiver et de surmonter les obstacles d’une vie parfois difficile. À ses côtés, Alice Pol est pétillante et juste, Bruno Sanches est franchement émouvant, et la jeune Anna Lemarchand (vue cette année dans "Papa ou Maman") joue son rôle à merveille.
La mise scène, pleine de touches colorées (les papillons, les pom-pom girls…), évite à la fois les obscénités, la surenchère ou l’apitoiement, alors même que le film traite de sujets potentiellement casse-gueule pour une comédie : le chômage, la GPA, l’homosexualité… La réussite tient aussi dans l’absence de jugement. Les quelques répliques qui font penser que les personnages de Céline et Dylan sont homophobes ne sont là ni pour cautionner de telles opinions ni pour rabaisser ces personnages. On comprend subtilement qu’ils ne sont pas méchants, qu’il s’agit simplement de personnages qui viennent d’une classe populaire où ils n’ont pas eu l’occasion d’appréhender des problématiques auxquelles ils ne sont pas habitués. Leur évolution à ce sujet est touchante et optimiste. Comme le film dans son ensemble.
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