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Alors qu’ils séjournent dans leur famille, les parents d’Arshia se disputent violemment au point de rentrer sur Téhéran sans leur petit garçon. Victimes d’un accident de voiture, ils meurent sur le coup. L’oncle et la tante prennent alors la route afin de ramener l’enfant auprès des corps de ses parents. Très perturbés par la situation, ils se voient incapables d’annoncer la terrible nouvelle à l’enfant...
Dans le noir, l’écho d’une violente dispute déchire la nuit. La femme s’enfuit, l’homme la rejoint et la lueur des phares de leur voiture vient alors éclairer leur petit garçon figé dans sa chambre. À l’obscurité s’oppose alors la campagne baignée de soleil. Aux querelles succède le bruit léger du vent. En plan large, une voiture roule au milieu des collines arides, seuls quelques sous-titres d’un dialogue silencieux introduisent la narration. Lentement la caméra se rapproche et, au détour d’un croisement, pénètre l’habitacle dévoilant Arshia, en compagnie de son oncle et de sa tante, tous deux sourds et muets. Cette succession de plans sensoriels et habilement construits révèlent dès les premières minutes une mise en scène audacieuse, parfaitement maîtrisée. L’histoire, tragique, s’installe alors pas à pas, passant du déni au deuil, de la surprise à la souffrance.
Road-movie introspectif, le voyage met ses trois protagonistes dos au mur. Les questionnements du couple face à cet événement dramatique révèlent petits à petits des rancœurs inavouées. Piégés par leur handicap, ils se sont enfermés dans une bulle qui à présent menace d’éclater, libérant les désirs refoulées de l’un et les haines latentes de l’autre. Une panne de voiture va catalyser cette remise en question en lui imposant des pauses. Le temps de trouver un dépanneur, l’oncle et la tante se séparent, au propre comme au figuré tant leurs avis divergent sur la position à adopter face à cet enfant à présent orphelin. Le récit jusqu’alors adroitement dirigé, s’essouffle quelque peu à vouloir concentrer son attention sur les adultes en dépit du petit garçon prostré sur la banquette arrière.
Cadré au milieu de ce couple qui, à force de doute, oublie sa présence, Arshia décroche de ses écouteurs pour deviner progressivement le drame qu’on lui cache. Le chagrin fait surface et cette route dont il ne veut connaître l’issue, devient alors son refuge. Ces instants figés, lui donnent l’illusion que le pire est en suspens. En résulte, de belles trouvailles scénaristiques qui vont finalement recentrer le film sur l’enfant et lui accorder sa part de tristesse. Premier film de Morteza Farshbaf « Querelles » dévoile ainsi un talent prometteur. Son style original autant qu’appliqué a su séduire le jury du festival du film asiatique de Deauville qui lui a décerné son lotus du meilleur film 2012, offrant ainsi à l’Iran sa première consécration dans cette compétition habituellement tournée vers l’Extrême-Orient.
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