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En 1931, alors que Sergueï Eisenstein était sommé de rentrer en URSS, le cinéaste russe se rend à Guanajuato, au Mexique, pour y tourner son quatrième film intitulé "Que Viva Mexico !". Chaperonné par son guide Palomino Cañedo, il finira par développer pour lui une certaine attirance, se laissant aller à une sexualité qu'il ignorait jusqu'alors...
Depuis son "Prospero's book" en 1991, l'un des cinéastes britanniques les plus inventifs, Peter Greenaway, ne sort décidément plus vraiment du théâtre filmé. Hormis le très réussi et innovant "The Pillow book" (1996) ou "La Ronde de nuit"(2008), évocation de la vie et des tableaux de Rembrandt, le cinéaste monte ses films autour de dispositifs affirmant l'aspect théâtral et intérieur de sa mise en scène, allant même jusqu'à faire de la pièce de théâtre le sujet central de son œuvre ("Golzius et la Compagnie du pélican"). Avec "Einsentein in Guanajuato", présenté en février 2015 en compétition au Festival de Berlin, il nous propose de suivre dix jours décisifs dans la vie créative et personnelle d'un cinéaste russe, Sergeï Eisentein.
Tourné dans la ville mexicaine de Guanajuato, le film exploite surtout les intérieurs du magnifique théâtre Juarez, lieu des débauches intimes et des explorations érotiques du réalisateur russe à la sexualité jusque-là inexistante, qui affirme lui-même qu'il n'avait « pas un corps attractif », en oubliant malheureusement un peu les spécificités de cette étrange cité. En effet, Guanajuato est particulièrement célèbre pour ses galeries souterraines (d'anciennes mines transformées en voiries ou cheminements piétons), qui permettent de passer d'un côté à l'autre des collines qui dominent la ville.
Sur un rythme difficilement soutenable, le personnage principal (Elmer Bäck, ingénieux acteur de théâtre, qui se donne corps et âme à ce rôle) s'éveille peu à peu à une sexualité qu'il ignorait possible, ceci avec l'aide d'un dignitaire mexicain local). Usant d'un débit verbal soutenu, d'envolées lyriques souvent difficiles d'accès, le scénario ose la crudité des moments intimes, comme les paraboles les plus délirantes (ah ! la restitution de la révolution soviétique, racontée comme la prise... d'un « cul », dans une scène érotique audacieuse), dressant le portrait d'un artiste paumé, mégalomane et dépensier. Quant à la mise en scène de Greenaway, elle tente malheureusement le mélange des styles, jusqu'à un certain écœurement, usant d'images ou photos d'archives (le film devait initialement être un documentaire), abusant de manière récurrente du split-screen et d'un montage hyper serré, donnant au final une œuvre assez inégale.
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