© Sony Pictures Releasing France
James Bond est décidé à traquer ceux qui ont forcé Vesper à le trahir. En interrogeant Mr White, 007 et M apprennent que l’organisation à laquelle il appartient est bien plus complexe et dangereuse que tout ce qu’ils avaient imaginé…
Derrière ce titre bigarré, qui signifie, littéralement, « une quantité de consolation » (sic), se cache le 22e épisode des péripéties de l’agent secret le plus célèbre du cinéma. Depuis « Casino Royale », précédent opus et première étape d’un passionnant renouveau de la saga, James Bond a bien changé : fini la séduction sans bornes, la demi-mesure dans l’action, la retenue, la morale, et les torses velus ; vive l’indifférence froide, le talent et la sauvagerie presque primitive d’un Daniel Craig en surchauffe ! Le générique, d’une grande intensité visuelle, est à l’image de la métamorphose du personnage : moderne et enlevé. En cela « Quantum of Solace » est l’aboutissement musical du virage déjà initié par les épisodes avec Pierce Brosnan (hier Madonna, aujourd’hui Alicia Keys). Bond est un homme de son temps.
Tout imprégné des nouveautés initiées à l’occasion du précédent opus, ce « Quantum of Solace » s’avère meilleur encore qu’un « Casino Royale » qui déjà plaçait la barre très haute en termes d’action, de rebondissements et de sentiments mêlés. L’histoire d’amour entre Bond et Vesper Lynd faisait déjà fort ; mais la relation de connivence qui lie l’agent 007 à Camille (superbe Olga Kurylenko) va toujours plus loin, car motivée par le seul besoin de vengeance de deux êtres orphelins de cœur. Et c’est là que le film atteint l’un de ses deux sommets : en traitant de front l’impulsion vengeresse de ces deux protagonistes, le film opère un chassé-croisé fascinant entre un Bond entièrement dédicacé à ses valeurs (l’amour et la nation, qui se confondent logiquement) et une Camille rongée par le déterminisme qui la pousse vers son but sans peur et sans doutes. La conjonction de ces deux lignes de fuite crée un schéma psychologique d’une grande intensité qui est le point d’équilibre du film.
L’autre sommet atteint par Quantum of Solace, c’est bien sûr celui de l’action pure : la violence des luttes entre Bond et ses adversaires succède aux séquences de poursuites à cent à l’heure, entraînant le spectateur dans un tourbillon de sensations pénétrantes. L’absence de morale d’un Bond en roue libre ajoute à la sauvagerie des scènes d’action, impressionnantes sans pour autant lorgner vers l’improbable comme c’était le cas dans de précédentes aventures de l’agent 007 (qui a dit « avec Brosnan » ?) et chorégraphiées à la perfection par une caméra plus fluide et un montage très lisible. En cela, Marc Forster montre non seulement qu’il a bien retenu les leçons apprises avec le diptyque « La mort dans la peau » / « La vengeance dans la peau » (signés Paul Greengrass), d’où « Casino Royale » tirait déjà son style visuel très enlevé, mais aussi qu’il a digéré ces leçons pour rendre « Quantum of Solace » visuellement plus clair et plus accessible. Certaines séquences du film renvoient d’ailleurs explicitement à Jason Bourne, en forme d’hommage à une saga qui a littéralement changé la mise en scène des films d’action.
En guise de cerise sur le gâteau, le méchant du film, la touche de couleur flamboyante d’un tableau parfaitement exécuté, est exceptionnel. Incarné par le français Mathieu Amalric, acteur fétiche d’Arnaud Desplechin, le génial Dominic Greene marque une nouvelle étape dans la caractérisation des traditionnels adversaires de James Bond. Son regard un peu fou mêlé à une diction savoureuse en fait un personnage curieusement attirant, qui brille par son intelligence et son talent, manipulateur des masses et des individus, faussement altruiste et véritablement vénal. Une perle qui vient s’ajouter à un collier déjà garni de la beauté fatale de Camille et du charisme ravageur de Bond.
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