©Ad Vitam
A la cité du Neuhoff dans la banlieue strasbourgeoise, Régis se fait embarquer au poste avec quelques uns de ses camarades, après que l'un d'entre eux a caillassé un fourgon de police qui passait par là. Finalement son oncle vient les chercher tout en leur faisant la morale. Mais Régis est peut-être le seul de la troupe à savoir que ce genre de comportement ne lui apportera rien de bon, lui qui cherche à monter son groupe et à percer dans le rap…
Il ne faut pas voir de cynisme ou d'ironie derrière ce titre, qui n'est qu'un rappel à l'intitulé du roman autobiographique qu'a écrit Abd Al Malik, ex-leader du groupe N.A.P qui connut ses heures de gloire à la fin des années 90. C'est un amour sincère pour sa patrie et un appel à la tolérance que le rapper/écrivain/réalisateur tente de délivrer via l'histoire de son combat pour sortir du quartier. Neuhoff, cité HLM comme il y'en a tant d'autres en France, il choisit de la filmer en noir et blanc, comme Kassovitz il y a vingt ans. A raison d'ailleurs, puisque la froideur du béton et les lignes rectilignes des blocs ne sont jamais aussi esthétiques que lorsqu'elles sont magnifiées par un rendu monochrome.
C'est donc l'histoire de Régis (nom de baptême d'Abd Al Malik avant qu'il ne se convertisse à l'Islam), jeune fils d'immigré congolais, qui est doué en français et en littérature. Ce qu'il adore, c'est écrire des rimes qu'il scande sans relâche sur les chemins de l'école. Nous sommes dans le milieu des années 90, le rap commence à exploser, notamment grâce à la montée en puissance de quelques groupes parisiens et marseillais sur Skyrock, seule radio nationale diffusant cette musique à l'époque. Régis rêve de monter son groupe et d’enregistrer un album, mais pour cela, il faut de l'argent. Les heures en studio coûtent cher et ses comparses ne sont pas toujours efficients. A Neuhoff, les tentations d'argent facile sont nombreuses. Il y en a notamment une défiant toute concurrence : le deal de drogue. C'est en déviant sur cette voie pour voir son rêve se réaliser que Régis va se rendre compte que le prix de ce raccourci est trop cher payé. Son amour pour Nawal, qui ne cesse de marteler qu'"il ne faut pas se sentir étranger en France car c'est notre pays" et sa découverte de l'Islam vont l'amener vers la bonne voie pour sortir digne et fier de ce quartier.
Sorte de pendant optimiste du film "La Haine" mais sans la virtuosité de mise en scène, "Qu'Allah bénisse la France" charme surtout par son apparente sincérité. Régis sait que ce pays lui donne les moyens de vivre comme il l'entend et de réussir. C'est grâce à sa prof de français qu'il peut poursuivre des études de littérature dans l'une des facultés les plus prestigieuses. Il sait pour autant que rien n'est facile et découvre à travers ce parcours initiatique que les raccourcis peuvent coûter cher. Malgré un titre limite prosélyte, Abd Al Malik se concentre plus le quartier et ses tentations que sur un discours religieux. L'Islam, tout comme le catholicisme, n'apparaissent bien souvent qu'en toile de fond, à l’image de cette communion familiale autour de la table réunissant les deux religions. Sur le plan de la forme, on regrettera cependant un recours abusif aux ellipses et au fait que certaines interprétations sont loin d'être convaincantes.
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