© RedPeter Film / Netflix
La jeune Roo-mi tient un restaurant au sein d’un marché traditionnel qu’une entreprise mafieuse veut détruire dans le cadre d’un projet immobilier. Lorsqu’une bande s’attaque à elle pour l’intimider, sa mère est accidentellement tuée. Roo-mi annonce la nouvelle à son père, Seok-hyeon, qui a quitté le foyer familial depuis longtemps. Au même moment, un phénomène inexpliqué permet à Seok-hyeon d’acquérir des pouvoirs de télékinésie…
Sortie le 26 avril 2018 sur Netflix
Sang-ho Yeon, qui avait enthousiasmé la critique et le public avec son film de zombies "Dernier train pour Busan", s’attaque désormais, à sa façon, au film de super-héros. Si son précédent film avait connu une exploitation en salles internationale, seuls les Sud-Coréens ont pu voir celui-ci sur grand écran (et même certains avec la technologie Screen X) et le film débarque sur Netflix dans le reste du monde.
Le quart d’heure d’introduction est un peu brouillon : rien ne permet d’anticiper l’intervention des voyous (que l’on comprend a posteriori), la présentation des personnages est un peu confuse, et l’acquisition de la télékinésie par le père arrive comme un cheveu sur la soupe. Heureusement, l’histoire finit par bien s’installer et on oublie vite le désordre formel initial pour se focaliser sur les bouleversements divers que connaissent les protagonistes.
Au lieu de céder à la tendance de Marvel et DC Comics qui privilégient les effets spéciaux et l’action au détriment du scénario, Sang-ho Yeon s’applique à développer le genre du super-héros dans le cadre d’un drame social et familial, aux résonnances à la fois intimistes et politiques, sans délaisser non plus les touches humoristiques voire grinçantes dont le cinéma sud-coréen est si friand. Ainsi, son super-héros est d’abord un anti-héros, un père lâche et déplaisant, voire patibulaire, qui devient un héros malgré lui, avant de prendre ses responsabilités et acquérir finalement toutes les caractéristiques positives du super-héros, entre générosité, abnégation, recherche de justice et rejet de l’appât du gain. C’est ainsi une quête de sens et d’amour qui finit par guider Seok-hyeon, qui prend graduellement conscience de ses erreurs passées et fait tout pour les corriger.
Si le cinéaste finit quand même par avoir recours à des effets spéciaux spectaculaires (et plaisants), il reste avant tout, malgré l’envol à la fois littéral et métaphorique du personnage, à hauteur d’Homme, se rapprochant finalement plus de films indépendants comme "Vincent n’a pas d’écailles" que des blockbusters américains où le sens se perd souvent dans les excès les plus grotesques. Sang-ho Yeon livre aussi une vraie fable sociale et politique, interrogeant autant la corruption que la pertinence de rénovations urbaines qui ignorent les avis (et la vie) des habitants. En somme, il utilise l’irréel pour défendre la vie réelle.
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