© Eurozoom
Sur une île ayant connu une explosion probablement nucléaire, des animaux ayant subi des mutations survivent difficilement. Quand les souris se repaissent des détritus, un cochon tente de pêcher dans la mer, alors que le garçon-oiseau, isolé des autres, essaye de voler, et souffre de l'absence de son père...
Reparti bredouille de la compétition du Festival d'Annecy 2016, le film espagnol "Psiconautas" est l'adaptation du court métrage d’Alberto Vázquez , intitulé "Birdboy", Goya du meilleur court métrage 2012. Il lui aura donc fallu près de 5 ans, et une collaboration avec Pedro Rivero, pour venir à bout de cette œuvre titanesque, graphiquement sombre et fascinante, qui a remporté en ce début d'année 2017, à son tour, le Goya du meilleur film d'animation.
S'il n'est pas évident de tirer les grandes lignes de cette sombre histoire d'enfants de toutes races qui partent à la recherche d'une meilleure situation au-delà de leur île maudite, on peut bien entendu y voir une parabole de la situation des jeunes générations, dans une Espagne massacrée par la crise. Mais le récit torturé, concocté par Pedro Rivero et Alberto Vázquez (également primé aux derniers Goya pour son court métrage « Dorado »), va bien au-delà de cela, convoquant à la fois des thèmes écologiques, des allusions à la dépendance ou au pouvoir dictatorial (militaire ou religieux).
D'une beauté picturale impressionnante, le film allie dessin traditionnel et peinture, formant de magnifiques et lugubres tableaux qui impriment durablement la rétine. Les choix des couleurs, éteintes ou pastels, forment des décors torturés, qu'emplissent des personnages aux sombres profils (un chien au costume SM, une mère trimballant une poupée de Jésus pleurant le sang, un enfant en costume cravate à la tête et aux yeux disproportionnés...). Les traits de contours sont nets, sauf pour les yeux, qui évoquent ainsi un vide abyssal, une instabilité.
Dans cet univers obscur, les choix de mise en scènes varient entre grande profondeur de champs, panoramiques dépaysants, et parfois même caméra subjective. Autour du manque du père et de la question de la drogue, le film offre de beaux moments de tristesse et d'hallucinations. Onirique et symbolique, ce film mérite sans aucune contestation plus qu'un détour : un laisser aller.
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