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© Metropolitan FilmExport

POSSÉDÉE

(The Possession)


un film de Ole Bornedal

avec : Jeffrey Dean Morgan, Kyra Sedgwick, Natasha Calis, Grant Show, Madison Davenport, Rob LaBelle…

Dans une maison, une femme se saisit d’un marteau et se dirige vers sa cheminée où se trouve une boîte en bois qui semble lui parler d’une petite voix chuchotante… Alors qu’elle s’apprête à frapper l’objet pour le détruire, elle est prise de spasmes et est jetée violemment contre le sol, se désarticulant et y laissant la vie. La boîte se retrouve alors dans un vide grenier et c’est la jeune Emily qui s’en empare, déjà envoûtée par la beauté des gravures faites d’inscriptions juives…


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Photo film

Même pas peur !

Le projet avait quand même de quoi attiser l’intérêt : un réalisateur danois plutôt sympathique dans le genre de l’horreur, Ole Bornedal ayant réalisé l’original et le remake américain du « Veilleur de nuit » ; un producteur émérite en la personne de Sam Raimi, dieu vivant du cinéma, qui a créé « Evil Dead » et a donné ses lettres de noblesse à Spiderman avec Tobey Maguire ; et la promesse d’une histoire flippante autour d’une adolescente possédée par un esprit malin, un Dibbuk, une figure encore peu exploitée au cinéma…

Las ! Au lieu de s’inspirer de faits réels (un article paru dans le L.A. Times), les scénaristes auraient mieux fait d’être simplement plus inspirés pour l’écriture d’une histoire plus originale ! Car ce « Possédée » (« The Possession » en anglais) n’est qu’une succession de clichés des films du genre enveloppée dans un écrin très eighties voire passéiste. Dès le départ, on ne crie pas au génie quand on comprend qu’on a affaire à une famille qui se divise à cause d’un divorce à l’amiable : une bonne idée de scénario pour nous faire gober que les parents ne comprennent pas les signes avant-coureurs de leur fille possédée puisqu’ils se disent qu’elle traverse une période difficile et que si elle bouffe pour deux (faut bien nourrir l’esprit malin) et si elle embroche la main de son père avec une fourchette, c’est tout à fait normal ! Le film se traîne donc pendant une bonne heure avec une gamine complètement anormale qui ne parle qu’avec sa boîte ; un objet, vous en conviendrez, bien inhabituel pour engager la conversation, mais dont tout le monde se fout, la mère la première ! Le rôle de celle-ci se réduit d'ailleurs, il faut bien le dire, à pas grand-chose pendant la première heure (si ce n’est à faire annuler le droit de garde des filles à son ex-mari) et ce jusqu’à la scène de la cuisine où elle aura enfin son lot d’adrénaline…

Le tournant du film (la découverte de l’existence d’un esprit malin juif connu sous le nom de Dibbuk) intervient donc trop tard ou bien aurait-il fallu trouver d’autres ressorts dramatiques plus convaincants et moins stéréotypés (les insectes volants, les yeux qui tournent, la prof défenestrée) qu’on a déjà vu cent fois dans d’autres films, autrement mieux mis en scène et de manière diablement plus effrayante. Car finalement qu’on nous resserve la même soupe que dans « L’exorciste », « Devil inside », « Sinister » ou tous les autres films de possession et d’exorcisme, admettons... mais au moins qu’on le fasse bien, ce serait la moindre des choses ! Et ici on se demande ce que Sam Raimi a bien pu apporter dans la fabrication du métrage. A fortiori, rien ! Car rien n’effraie, rien ne terrorise, si ce n’est une ou deux scènes assez efficaces vers la fin, dans l’hôpital. Sinon, à peine s’angoisse-t-on (et encore le terme est fort, je devrais plutôt dire s’inquiète-t-on) du comportement de la gamine, notamment dans les deux scènes où elle se confronte à son beau-père, mais l’hallucinante imbécillité du film revient au galop puisqu’ils la maquillent comme une gothique, les yeux cernés, les cheveux en avant et l’accoutrent d’une pauvre robe gris sombre… Vous l’aurez compris, au lieu de nous faire frissonner, « Possédée » arrive à nous faire rire et à se ridiculiser tout seul, la toute fin étant à ce titre un abyme de prévisibilité et de niaiserie.

Voilà dans quel projet a été obligée de s’investir la femme de Kevin Bacon, l’actrice et productrice Kyra Sedgwick, qui joue ici le rôle de la mère, et qui pour la petite histoire a perdu une grande partie de sa fortune personnelle à cause de la fraude financière de Bernard Madoff… Alors ceci explique peut-être cela ! C’est dur de devoir à ce point se compromettre pour sortir la tête de l’eau… Quant à Sam Raimi, on se dit qu’il devait être bien occupé au remake de son « Evil Dead », qui sortira en 2013, pour n’avoir pas eu de temps à consacrer à cet énième film d’esprit et d’exorcisme semblant tout droit sorti d’un vieux placard à vieux films… Et c’est un peu comme la boîte, ils n’auraient jamais dû l’ouvrir !

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