affiche film

© Happiness Distribution

POP AYE


un film de Kirsten Tan

avec : Thaneth Warakulnukroh, Penpak Sirikul, Chaiwat Khumdee, Yukontorn Sukkijja...

Thana est un architecte qui voit lui échapper peu à peu son travail et son mariage… Sa vie bascule quand il croise la route de Pop Aye, l’éléphant de son enfance, qu’il achète et décide de ramener dans le village où ils ont grandi tous les deux…


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Photo film

Un périple au rythme pachydermique qui invite à la réflexion sur nos combats dans la vie

La vie de Thana est bien morne. On ne lui fait plus confiance au travail et, chez lui, sa femme le trompe avec un vibromasseur ! Alors, quand il croise la route de l’éléphant avec qui il a grandi dans un petit village de la campagne thaïlandaise, il décide de tout plaquer et de reconduire l’animal là où son oncle vit encore. Débute ainsi un long périple à la vitesse pachydermique fait de rencontres improbables ! Ce road-movie à la sauce thaï n’a bien évidemment rien d’hollywoodien – quoiqu’il emprunte souvent les codes du western – mais gagne en authenticité, dans un pays où la campagne et la ville sont deux mondes à part.

Ce premier long-métrage de la réalisatrice Kirsten Tan, lauréat du prix du scénario au Festival du Film de Sundance 2017, raconte fort simplement un fragment de vie de deux êtres en déshérence. Un éléphant toujours en mouvement et qui s’échappe dès qu’il le peut. Un homme très attaché au passé, abandonné par ce qu’il a de plus cher dans la vie : son foyer et son travail. Il leur arrivera à tous les deux une bien étrange histoire. En effet, alors que l’architecte ne se remet pas de la destruction prochaine du centre commercial qu’il a construit il y a de nombreuses années auparavant, il voit apparaître un fantôme du passé qu’il croyait avoir perdu à jamais : l’éléphant que sa famille avait recueilli bébé et avec lequel il avait noué de forts liens d’amitié. Alors que la modernité allait détruire un pan de sa vie, et donc de lui-même, voici qu’il a l’occasion de renouer avec le passé, de reconstruire une relation perdue, pour faire revivre une partie de lui-même !

La réalisatrice mêle ainsi le temps dans une fuite en avant, et donc l’espace, pour montrer comment nous pouvons essayer de trouver notre place dans ce monde qui semble parfois nous repousser. Thana rencontrera sur sa route deux autres parias de la société : un vagabond voyant qui pense bientôt rejoindre son frère décédé et un travesti moqué. Alors que Thana s’ouvre à eux – est-ce sa condition du moment proche de la leur qui l’amène à ce geste ? –, le reste de la population les considère à peine. La réalisatrice fait ce constat amer d’un monde divisé entre les bien-pensants et qui vivent dans la norme face aux trublions et aux non-conformistes de la société. Qu’il peut être difficile de trouver sa place dans un monde qui vous rejette.

Le duo entre l’éléphant et l’homme fonctionne parfaitement bien. Leur périple n’est pas la grande aventure que l’on pourrait escomptée, mais il colle à la réalité alternant petits et grands (sou)rires avec petits et grands drames. Il invite à la méditation, à prendre le large et le recul nécessaire quand la vie semble dresser devant vous des murs infranchissables. Des murs que l’on comprend mieux quand on les voit avec plus de distance, et au pied desquels il faut un jour retourner pour les combattre… avec la force d’un Popeye !

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