Assis à une table, un jeune étudiant écrit une lettre. Anti-féministe, il compte, dans un acte qu'il qualifie de politique, entraîner avec lui dans la mort le plus de jeunes femmes possible. Ces événements ont réellement eu lieu au mois de décembre 1989, à l'école Polytechnique de Montréal... Valérie et Jean-François vont les (re)vivre pour nous...
Ne vous sauvez pas en courant, "Polytechnique" n'est ni un documentaire lourd sur cette institution, ni un film intello sur les rouages de l'enseignement supérieur. Ce long-métrage du Canadien Denis Villeneuve, intense et marquant au fer rouge, revient sur un événement tragique survenu à Montréal, au sein même de l'école Polytechnique, un jour d'hiver 1989 : le meurtre d'une vingtaine d'étudiants (majoritairement des filles) par un jeune en perte de repères, anti-féministe et qui a fini par se donner la mort après son terrible carnage.
Par le biais de son film, Denis Villeneuve a voulu rendre un vibrant hommage aux victimes et à leur famille. Il s'est inspiré des témoignages des survivants pour l'écriture du scénario (avec Jacques Davidts et Eric Leca) et a filmé d'après les yeux de deux élèves, Valérie et Jean-François (les vrais noms ont été changés) pour faire vivre au spectateur les événements de l'intérieur et montrer les conséquences de cette journée sur la vie d'après de ces rescapés.
Utilisant magnifiquement le noir et blanc, Denis Villeneuve imprime ces terribles faits sur un livre des souvenirs, comme pour les inscrire définitivement dans le registre du passé et en faire des événements qui ne se reproduiront jamais. Le réalisme du film est saisissant et contribue vivement à l'émotion qu'il véhicule. Le caractère presque documantaire nous coupe le souffle. Les comédiens sont sidérants de vérité. On est hanté par de nombreuses images, outre ces affreux crimes commis de sang-froid. Ainsi, comment ne pas voir en ce jeune qui scrute "Guernica", le célèbre tableau de Picasso, l'annonce du futur drame qui va se dérouler sous ses yeux. Comment ne pas penser aux vies sacrifiées par ce fou quand un des survivants, meurtri intérieurement, souffle les flammes de son briquet les unes après les autres avec le rythme qui rappelle la facilité avec laquelle le tueur à éteint aussi facilement des vies à Polytechnique...
Nous sommes loin, très loin des oeuvres de Gus Van Sant ("Elephant") ou Michael Moore ("Bowling for Columbine"). Loin, très loin d'une stylisation du meurtre d'étudiants et d'une dramatisation de ce genre d'événement. On est simplement plongés dans un cauchemar qu'ont réellement vécu ces jeunes, un cauchemar duquel ils ne pouvaient pas se réveiller ou s'échapper...
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