affiche film

© Mars Distribution

POLISSE


un film de Maïwenn

avec : Joey Starr, Karine Viard, Marina Foïs, Frédéric Pierrot, Maïwenn…

Infractions et accusations de viols sur mineurs sont légion pour les agents de la Brigade de protection des mineurs de Paris. Une jeune photographe est embauchée par la mairie pour prendre des clichés du quotidien de la brigade. Cette initiative n’est pas du goût de tous les membres de l’équipe...


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Photo film

Entre les murs de la police

Fidèle à son style documentaire voué à saisir le quotidien et la spontanéité de la vie, que les amateurs ont pu avoir le plaisir d’observer dans « Pardonnez-moi » et « Le Bal des actrices », la jeune Maïwenn revient avec un nouveau long-métrage singulier et largement moins égocentrique. Les détracteurs de la première heure pourront peut-être même se réconcilier avec la réalisatrice, tant son troisième film, même s’il n’est pas exempt de défauts, excelle dans sa manière de rendre le quotidien professionnel et personnel de la brigade de protection des mineurs avec une rare pertinence. Et si le synopsis peut laisser présager une vulgaire copie de « L.627 » et la bande annonce un ersatz de la série télévisée « PJ », il ne faut pas s’y méprendre ! Maïwenn démontre une nouvelle fois tout son talent pour reconstruire et capter l’élément humain, ainsi que toute l’authenticité des situations quotidiennes tout aussi futiles et importantes soient-elles.

Ainsi, le sentiment de véracité et l’impression de réalisme qui se dégage des interrogatoires, des interpellations, des disputes entre agents, valent à eux seuls la majorité des tentatives sur le sujet. Porté par d’irrésistibles dialogues, « Polisse » utilise un humour ravageur pour désamorcer le caractère effroyable de certaines situations. Entre les dépositions effarantes de gamines s’exhibant sur internet ou se voyant exécuter une fellation pour récupérer leur portable, Maïwenn dresse un glaçant et aberrant constat de la situation de l’éducation sexuelle auprès des jeunes adolescents, révélateur d’un profond malaise de notre société. Le malaise, on le ressent d’ailleurs constamment lors des interrogatoires de pédophiles et parents adeptes de l'inceste. La réalisatrice en profite pour dresser un large éventail de toutes les situations véridiques qui lui ont été rapportées pendant la préparation de son long métrage. Ce déballage aurait pu desservir son propos, mais grâce à un savant montage et à un panel d’acteurs tous plus justes les uns que les autres (des principaux jusqu'aux figurants), la jeune cinéaste réalise un tour de force avec un récit foisonnant de situations diverses.

Malgré une palette de personnages à la limite du gérable et une pléthore de storylines concernant les déboires personnels des membres de l’équipe, le récit trouve sa force dans la cohésion du casting (venant en grande partie de son précédent opus). Les époustouflantes Karine Viard et Marina Foïs nous offrent une saisissante dispute et de passionnants échanges. Naldra Ayadi, quant à elle, livre une jubilatoire plaidoirie en faveur de la tolérance que prône le Coran face à un père de famille musulman sur le point de marier sa fille à un inconnu du pays. Bref, il faut voir ces séquences pour se rendre compte que la jeune réalisatrice détient un indéniable talent derrière la caméra, dévouant toute sa mise en scène à ses protagonistes.

Finalement, c’est avec le personnage de Maïwenn, qui ne trouve jamais vraiment sa place, et sa romance avec Joey Starr (égal à lui-même), dont le rôle sied pourtant à la perfection, que le film pêche. La réalisatrice a d’ailleurs admis en conférence de presse que c’était une erreur d’y avoir joué un rôle. Mais on lui pardonnera volontiers ces légers écarts : « Polisse » s’avère être un pur plaisir à suivre et une proposition réussie de cinéma-vérité, qui en dit long sur la situation des gosses de France, a l'instar d'« Entre les murs », il y a quatre ans. Une tentative originale et humaine, très justement récompensée par le prix du Jury lors du 64e festival de Cannes.


Second avis : Polisse, un film à l’intérieur de la BPM, brigade de protection des mineurs


Article rédigé dans le cadre du Partenariat
avec l' « atelier critique » du Lycée St Exupéry


Au travers de ce long-métrage, Maïwenn montre encore une fois son talent à reconstruire l’authenticité et la spontanéité de l’être humain dans son quotidien. Elle reconstitue ainsi diverses situations véridiques qu’elle a pu voir durant son stage à la brigade où elle a pu se documenter et recueillir des informations. Et cela donne au film un impact réaliste indéniable.

Usant de personnages atypiques et à la limite du gérable, ce sont les interprètes, qui pour la plupart faisaient déjà partie de son opus précédent, qui font la force de son film. Marine Foïs et Karin Viard offrent une stupéfiante dispute et de passionnants dialogues. Naldra Ayadi, quant à elle, donne une sorte de plaidoyer quant au bon usage du Coran, ceci devant un père de famille musulman qui souhaite envoyer sa fille au «bled » pour la marier. Enfin, Joey Starr s'avère l’un des protagonistes qui joue le mieux son rôle, tout en restant fidèle à son image.

On ne peut donc qu’admirer le talent de cette jeune réalisatrice, qui montre à merveille la situation des adolescents par rapport à la sexualité, et qui révèle un malaise très profond dans la société actuelle. Les problèmes traités par la Brigade concernent beaucoup les viols, les drames familiaux, voire des affaires de pédophilie. De nos jours les jeunes portent une image négative sur les forces de l’ordre, alors que pourtant « les paroles de la police peuvent aider à reconstruire un enfant ». Cette citation du film résume ainsi le but de la réalisatrice.

Malgré tout, le premier rapport que l’on a avec ce film n’est pas celui d’une fiction mais plutôt d’un documentaire. On ne remarque pas de « héros » particulier, ni d’éléments déclencheurs amenant vers une histoire plus qu'une autre. En s’interrogeant, on constate qu’aucune des scènes de « Polisse » ne peut être qualifiée de principale et que si l’on supprime l’une d’entre elle, rien n’est réellement changé. Tout au long du film, on s’attend à une chute morale, mais la chute est plutôt d'ordre physique. La réalisatrice offre un final inattendu, qui paraît hors du contexte ; aberrant.

De manière paradoxale, on peut relier ce film au long métrage de Laurent Cantet, « Entre les murs », dans lequel on voyait aussi la situation d’adolescents face à divers problèmes. Les deux fictions sont en quelques sortes liées à une forme de cinéma-vérité, très en vogue actuellement.

Sirine Bellakhdar-Louar
L. Rigal

Lycée Saint Exupéry

25-05-2011

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