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Quarante personnes travaillent dans une agence Pôle Emploi de Seine-Saint-Denis et font face quotidiennement à un grand nombre de demandeurs d’emploi. Leurs objectifs sont de les soutenir, de les surveiller, de faire du chiffre, d’obéir aux directives politiques, de trouver du travail là où il n’y en a pas et, parfois, de radier leurs clients qui ne rentrent pas dans des cases précises… Et chaque jour, le stress ainsi que la pression sont de plus en plus forts…
On aurait bien du mal à juger un tel film en se contentant de l’actualité brûlante de son seul sujet (en gros, comment ça se passe dans une agence Pôle Emploi ?), et ce pour le simple fait que ce serait trop simple. On se doutait bien à l’avance que ce genre d’administration, sur laquelle tout ou presque semblait avoir été déjà dit ou écrit, puisse se résumer à un véritable cauchemar de logistique, où les agents se révèlent vite incapables de remplir leur mission – en majorité pour des raisons politiques et/ou bureaucratiques. On savait également que les candidats à l’embauche qui s’y aventurent en pleine période de crise allaient révéler différents caractères devant la caméra, entre les agités d’un côté et les désespérés de l’autre – tous fragiles dans les deux cas.
En cela, le documentaire de Nora Philippe ne révèle pas l’ombre d’une demi-information nouvelle. Il n’empêche que pour les néophytes du sujet (à qui le film est instantanément destiné), la réalisatrice aide à mieux abattre les idées reçues sur le petit monde qui se bouscule dans ces agences (on retiendra une phrase assez mémorable : « Pôle Emploi, c’est un peu comme l’océan, c’est un mouvement perpétuel, on n’y est jamais tranquille ! »). Ce qu’elle en tire, au final, est un constat humaniste qui met tout le monde sur un pied d’égalité : d’un côté des conseillers qui se dépensent le plus possible pour que leurs interlocuteurs aient accès à un emploi (même si leur objectif imposé est de faire du chiffre), et de l’autre des candidats auxquels on s’attache en à peine deux plans de par leur fragilité. Le film est implacable, oui, mais avec une humanité intacte qui tente de s’imposer dans une situation trop complexe pour qu’on puisse jouer les indignés. Rien que pour ça, ce documentaire vaut le coup d’oeil.
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