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Ce matin-là, deux parfaits inconnus, Marie et Éric, se rendent à la gare pour acheter leur billet de train direction Avignon. Ce matin-là, le destin a décidé de les mettre côte à côte dans le même wagon et de leur tirer une flèche en plein cœur. Le jour du mariage, Marie attire amoureusement Éric dans la salle de réception vide et bouscule l’un des plans de table établis. Que se passerait-il si nous n’avions pas le voisin initialement prévu ?...
Il était une fois une future mariée qui batifole sur une table de réception et qui bouscule l’ordre établi… comprenez qu’elle met le bazar dans l’organisation des chevalets et que le prince charmant se retrouve à devoir remettre à leur place chacun des invités. Premier essai, les couples sont assortis et on suit le repas festif de la cérémonie. À table se trouvent des mariés et des célibataires qui font connaissance. Une soirée qui formera de nouveaux couples et en déchirera d’autres… Fin de la séquence, on retrouve notre prince charmant avec ses cartons en main et comme la destinée imaginée ne lui a pas plu, le voici qui change la disposition des invités pour brouiller les pistes et créer de nouvelles perspectives : en route pour la deuxième version… mais qui ne sera pas la dernière !
« Plan de table » est au cinéma français ce que « Un jour sans fin » a été au cinéma américain ! Un « presque éternel » recommencement avec huit personnes et plein de possibilités ! Quatre en réalité, avec une dernière version largement accélérée pour arriver rapidement à la scène où tout bascule. La réalisatrice reprend ainsi le concept du jour de la marmotte version « Love actually » ou « Quatre mariages et un enterrement » ! Le résultat est plutôt plaisant, alors que le premier chapitre du film ne semblait promettre qu’ennui, lourdeurs et mauvais vaudeville. Mais finalement non. On trouve assez vite l’idée très drôle, le spectateur étant continuellement en découverte de vérités sur les couples, les personnages et sur les situations précédentes qui dans un premier temps ne semblaient pas très claires. Car peu à peu tout prend forme grâce aux versions successives où le spectateur se prend à s’attacher réellement aux personnages et à rire de bon cœur avec eux.
La grande force du film tient donc à l’histoire et à ses multiples rebondissements bien rythmés. Le script ne s’essouffle jamais et le découpage du film, dynamique, relance l’intérêt à chaque nouvelle version sans pour autant agacer. Mettant face-à-face le hasard et le libre-arbitre, « Plan de table » affirme que le destin de chacun est davantage lié à nos choix personnels qu’à une question de chance et qu’il vaut mieux se prendre en main que de se fier à notre bonne étoile. Le scénario dissèque également avec bonheur les rapports humains et surtout amoureux. Couples en crise, célibataires endurcis, amours secrets, épouse soumise et mari infidèle, Christelle Raynal passe en revue avec humour les « joies » du célibat et du mariage.
Pour interpréter ses personnages (de fiction ?!), la génération montante du cinéma français avec Lannick Gautry (« Halal, police d’État »), Louise Monot (« Les Petits mouchoirs »), Mathias Mlekuz (« Divorces »), Shirley Bousquet (« Caméra café ») côtoie Audrey Lamy (la sœur d’Alexandra), Arié Elmaleh (le frère de Gad) et les vétérans Franck Dubosc et Elsa Zylberstein. Cette dernière, primée pour ce rôle au dernier Festival du film de comédie de L’Alpe d’Huez, est irrésistible en épouse maniaque et jalouse, engoncée dans son rôle de femme de la haute privée de tout libre-arbitre étant mariée (ou plutôt étant à la solde) du chirurgien Franck Dubosc. Patrick Chirac de « Camping » fait du 100 % Dubosc, ce qui peut être considéré comme un peu lourd à certains moments. Mais il arrive aussi à nous faire rire, n’en ayons pas honte !
Si les dialogues ne manquent pas d’humour, ils n’ont tout de même pas le génie d’un Audiard (« Les Tontons flingueurs ») ni même d’une Delpy (son récent « 2 days in New York »), mais ils collent parfaitement aux situations à l’envolée comique certaine (Dubosc en pleine « opération » chez la voisine, la cuisine moléculaire de Zylberstein, la vie amoureuse de Lamy…). Certes, on pourra aussi trouver dans le lot quelques lieux communs (les parties de jambes en l’air dans les toilettes…) et le rôle de la voiture (sorte de « Christine » à la française) plutôt pénible. Mais, c’est une joie de voir évoluer les personnages d’une version à une autre, surtout celui de Zylberstein. Des idées, des rires, une certaine réussite… sans crier au chef d’œuvre, on peut dire que pour un premier film, l’essai est transformé. Christelle Raynal, on attend votre carton d’invitation pour votre prochain film !
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