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Kevin est nouvel arrivant dans un centre pénitentiaire d’Allemagne pour jeunes délinquants. Il partage sa cellule avec Tommy, Andy et Marc, dont la principale activité est de terroriser une poignée d’autres codétenus ne parvenant pas à s’imposer dans cet univers où règne la loi du plus fort. Kevin n’aime pas ce genre d’attitude et a du mal à s’imposer dans le groupe…
Avec des films comme "Dog pound" (Festival de Tribeca), "If I want to whistle, I whitle" (Berlin) et "Picco" (Cannes), 2010 laisse apparaître une tendance dans le cinéma international. Déjà trois cinéastes européens se sont attelés à la question des centres de corrections juvéniles. A l'arrivé, trois œuvres plus ou moins réussies mais toutes aussi violentes. Le constat est sans appel. Il ne fait pas bon être jeune et incarcéré, et la réinsertion n’est qu’un mythe.
"Picco", de l'allemand Philip Koch est, de loin, le plus violent et frontal des trois films précités. Koch parvient à rendre l'ambiance des cellules froides, crasseuses et austères. On se retrouve, tel Kevin, plongé en milieu hostile. Le réalisateur nous dépeint un milieu carcéral peuplé de caïds ou de souffre-douleurs. Une vision aussi dichotomique que simpliste signifiant, qu'entre les murs des prisons juvéniles, soit on est victime, soit on est bourreau. Koch va même encore plus loin en affirmant qu'il faut devenir tortionnaire pour éviter d’être pris pour un "Picco", terme désignant les faibles dans le jargon de ces jeunes détenus.
Contrairement à "Dog Pound", on ne voit, ici que des individus cherchant à avoir le dessus sur leur prochain. Pas une once d'amitié, pas une seconde de second degré ne vient relâcher la pression. Cette atmosphère vile, très bien rendue, nous oppresse, à l'image des souffre-douleurs agressés par les plus forts. "Picco" étouffe en ne montrant que ce qu'il y a de plus abjecte chez l'homme enfermé, et même si les événements du film s'inspirent de faits réels, il ne s'agit en fait que de complaisantes successions de banalités sur la prison et son absence de morale. Même les matons ont l'air d'être complices, complètement absents et ne prenant aucune mesure lorsqu'ils surprennent des sévices entre détenus.
Seul le dernier quart d'heure tient en haleine avec une incitation au suicide qui fait froid dans le dos dont on peut tirer un questionnement sur l'issue, ce jusqu'à la dernière minute. Ceci mis à part, "Picco" apparait comme un banal produit d'exploitation qui ne s'assume pas, pompant ça et là, notamment chez Haneke, pour dépeindre la violence. Bref, un film dispensable, sauf peut-être pour les plus mordus du genre…
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