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Un documentaire qui nous plonge dans les rouages d'un métier méconnu: accordeur de pianos. Stefan Knüpfer doit répondre aux exigences parfois extrêmes des pianistes qu'il rencontre, recherchant le son « parfait ». Entre enregistrements et concerts, nous le suivons dans son travail qu'il accomplit avec patience et passion...
On s'en rendra vite compte: accorder un piano ne consiste pas uniquement à régler chaque note à une fréquence donnée. Il faut que le son produit réponde au désir du pianiste. Brillant, profond, clair, plein, sec, lourd, on peut trouver beaucoup de mots possibles pour tenter de définir le son recherché. Pour être plus précis, on pourrait parler de couleur de son. Et trouver la couleur parfaite relève parfois de l'impossible. Cette quête de perfection mettra parfois à rude épreuve les nerfs de notre accordeur mais c'est aussi en cela que cette recherche est passionnante: quand le résultat est là, la musique n'en est que plus magique.
Il est certain que l'oreille du spectateur non-averti ne parviendra pas toujours à percevoir les nuances parfois infimes entre un son et un autre, faire la différence demandant une véritable oreille « d'orfèvre ». Mais là où ce documentaire est aussi passionnant, c'est dans la possibilité qu'il offre de constater la différence entre les pianistes eux-mêmes, certains recherchant un son très précis, d'autres se « contentant » d'un piano dont la dynamique répond au répertoire interprété. Ainsi, Pierre-Laurent Aimard met à rude épreuve la patience de l'accordeur, lui demandant pour son enregistrement de Bach un son « orgue » puis un son « clavecin » ou encore un son « musique de chambre ». Lang Lang, lui, après avoir choisi son piano, se contente de le « défoncer », en concert, assurant le spectacle d'une virtuosité certes irréprochable mais où la recherche de son est souvent absente ou en tout cas relève de sa seule spontanéité sur scène. Alfred Brendel, dont l'apparition n'est que trop furtive, est peut-être le plus pragmatique, trouvant le son qui lui convient sans demander le Grâal.
Ce documentaire montre la richesse d'un art pas toujours accessible, mais que l'on gagne à découvrir, passé le premier cap de la curiosité. Il permet aussi, dans une certaine mesure, de commencer à faire la différence entre les pianistes - et d'une manière plus large, les artistes - qui se mettent en avant pour défendre leur conception et sensibilité artistique et ceux qui se mettent en avant pour eux-mêmes. Lang Lang est une star en Asie. En Europe, il n'est qu'un très bon pianiste.
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