Ross MCElwee revient à Saint Quay, en Bretagne, sur les lieux où il effectua un voyage 25 ans auparavant, et fut l'assistant photographe d'un certain Maurice...
Adoptant un parti-pris quasi-documentaire, l’auteur replonge dans ses souvenirs de jeunesse, sur les lieux où il fit un séjour quelques 25 ans plus tôt, en Bretagne, à Saint-Quay. Sur le mode du journal intime, caméra vidéo au poing, il part successivement sur les traces de Maurice, un photographe professionnel l’ayant embauché à l’époque comme assistant, puis de Maude, sa bonne amie avec qui il faisait les marchés.
Au fil de sa recherche d’épisodes de son passé, il interroge les gens qu’il rencontre dans Saint-Quay devenu entretemps une toute nouvelle station balnéaire. Ceci le conduit à nous présenter les évolutions qu’a connu la ville, commentée par l’architecte du coin, un exercice toujours intéressant pour tout urbaniste en herbe. Chemin faisant, il finira par retrouver l’ancienne femme de Maurice, avec qui il passe un moment à évoquer le passé et les frasques de celui-ci…
Toute cette quête intimiste et un brin nombriliste se trouve entrecoupée d’une réflexion assez convenue sur le temps qui passe, sur son adolescent de fils qu’il ne comprend plus, encombré qu’il est par une sorte de filtre technologique et sportif (internet, SMS mais aussi ski extrême) qui loin de rapprocher, l’éloigne de son père et des autres, voire du monde. Pourtant, « il était si mignon quand il était tout petit et que son père le filmait enfant », soupire-t-il en vieux père aimant mais désarçonné par la nouvelle génération si à l’aise avec ces nouvelles technologies qui lui semblent perdre certaines valeurs importantes de la génération précédente.
Il décrit ainsi une situation finalement assez classique de l'opposition et de l’incompréhension générationnelle. En parallèle, de « roboratives » considérations et réflexions sur les vertus comparées de la vidéo et de l’image photographique, de la couleur et du noir et blanc, émaillent le film sans solliciter exagérément les neurones d'un spectateur déjà repu d'images et qui a compris depuis longtemps qu'il n'a rien à attendre de neuf du film pour aiguiser son esprit critique et mieux évaluer et apprécier le flux d'images contemporain, tous modes confondus…
Le film est néanmoins sauvé de l’ennui par un humour charmant qui permet de regarder sans déplaisir un film auquel pourtant on peine à s’intéresser vraiment. Au final, « Photographic memory » est un film sympathique et mélancolique qui présente le principal défaut de partir dans tous les sens sans qu’on sache trop où il va et dont malheureusement on se désintéresse finalement assez rapidement. À la fin du film, après son passage à Saint-Quay, l’auteur évoque le séjour dans le sud de la France qu’il effectua juste après son séjour. Pour notre part, une suite de ces évocations françaises n’apparaît pas absolument indispensable.
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