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© Ad Vitam

PESHMERGA


un documentaire de Bernard-Henri Lévy

De juillet à décembre 2015, le philosophe Bernard-Henri Lévy a embarqué avec lui trois chefs opérateurs pour suivre le combat des Peshmergas, ces combattants kurdes engagés contre la barbarie de l’Etat Islamique…


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Photo film

BHL en retrait (ouf !)

On avait poussé un certain fou rire à l’annonce surprise de l’arrivée d’un nouveau documentaire signé Bernard-Henri Lévy au sein des Séances spéciales du 69e Festival de Cannes. D’abord parce que ce n’était pas la première fois : en 2012, son précédent film, "Le Serment de Tobrouk", avait déjà fait irruption de la même façon en plein milieu du festival. Ensuite, parce qu’on s’impatientait de rester à nouveau les yeux exorbités devant l’ego surdimensionné du bonhomme, lequel avait quand même eu l’audace, dans son précédent film, de se poser malgré lui en libérateur unique du peuple libyen, et ce dans un montage tout à sa gloire avec un texte profondément grandiloquent en guise de voix off. À la fin du film, on s’étonnait d’avoir vu plus souvent la chemise blanche repassée de BHL plutôt qu’une analyse géopolitique de la guerre en Libye. Cette fois-ci, c’est aux Peshmergas qu’il s’intéresse, en remontant les 1000 kilomètres de la ligne de front qui séparent le Kurdistan des djihadistes de Daesh.

Surprise : BHL s’est – un peu – calmé. Du moins, il a pris soin de supprimer la mise en valeur de lui-même et de limiter le nombre de ses apparitions à l’écran – ici à peine deux ou trois. Il a aussi resserré son montage en une durée relativement courte et compacte – environ 1h32. Il a enfin eu la modestie de traiter un sujet sans le ramener à un désir de grandeur ou d’autobiographie mal placé. On se satisfait donc de le voir ici laisser l’image et la parole aux combattants kurdes dont il célèbre ici le combat. Film témoin avant tout, "Peshmerga" ose la multiplicité des moyens d’enregistrements (drones militaires, caméra portée, micros, etc.) pour rendre compte d’une situation de guerre, tout en offrant suffisamment de témoignages pour rendre le sujet clair et précis. Il va même jusqu’à susciter le stress sur certaines scènes de guerre, en récupérant la vidéo d’un soldat qui marche sur une mine (et qui s’en sort de justesse !) ou en coupant la caméra par pudeur juste avant qu’un sniper ne reçoive une balle en pleine tête.

Reste que BHL, décidément indécrottable, n’a pas pu s’empêcher de rajouter là encore sa voix off, laquelle se contente de réciter (trop) lentement un texte (trop) littéraire et (trop) solennel, alors que les images se suffisaient largement à elles-mêmes. Un excès de naïveté qui, au final, ferait presque passer le résultat pour un film de propagande un peu lourd, mais qui n’atténue pas malgré tout la satisfaction de voir un BHL plus mesuré dans son travail de réalisateur. Rien que pour ces progrès bienvenus, on se montrera indulgent.

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