Dans un petit village de la cote équatorienne, les pêcheurs découvrent un beau matin des caisses venues s'échouer sur leur plage, remplies de paquets de cocaïne. Même si la police vient les prévenir qu'ils risquent gros en recelant cette marchandise, ils décident de se taire, et la plupart d'entre eux revendra le paquet 500 $ aux trafiquants venus les récupérer. Mais deux d'entre eux décident de jouer au plus malin, le « blanquito » décidant d'aller en ville, trouver ce père qu'il n'a jamais connu, mais qui pourrait bien avoir quelques connexions pour écouler cette marchandise...
« Pescador », film équatoriano-colombien, résume bien ce que peut être l'apparition de la cocaïne pour de pauvres pêcheurs sans le sou de la côté équatorienne : une manne d'argent facile, un signe de sortie d'une condition, ceci quitte à prendre des risques inconsidérés. Le personnage principal du film, dit le « blanquito », surnom du à sa peau claire, prend la chose de cette façon. Fainéant notoire, loin de s'intéresser à la pêche, il voudrait s'enfuir avec la plus belle fille du village, mais c'est avec une belle colombienne, abandonnée par son riche amant, qu'il prendra la route pour trouver une issue heureuse à une marchandise bien encombrante.
Formant une paire qui fonctionne à merveille, le bouseux rêveur aux apparences rustres et aux manières rudimentaires, et la belle sophistiquée et calculatrice, ce duo va devenir le moteur d'un film, qui passe de la nonchalance de la côte à la fièvre de la ville. Virant au road-movie, « Pescador » est rythmé par la permanente menace policière et les dangers que constituent chacun des contacts potentiels. Le réalisateur de « Rabia », nous mène ainsi d'un lieu à l'autre à coup de parcours en images vidéo accélérés, à l'accompagnement musical parfaitement adapté dans son décalage.
Jouant sur celui qui existe entre les deux personnages principaux, Sebastian Cordero nous dépeint avec humour un homme simple qui n'a de cesse de s'étonner du monde qu'il découvre. La scène de l'arrivée à l'hôtel et le regard porté sur la sonnette du comptoir, le mini-bar ou même le confort du lit, en disent long sur sa condition modeste. Progressivement, le charme agit, donnant au spectateur l'envie de s'intéresser à cet homme qui s'est inventé un père, en la personne d'un gouverneur corrompu qui semble avoir bien d'autres bâtards. Le scénario nous dévoile progressivement les contextes et enjeux personnels de chacun, le tout mâtiné d'un peu de roublardise légitime du côté de la femme, et d'une ingénuité dilettante du côté de l'homme. De petits détails qui font que « Pescador » est un petit conte qui en dit long sur la corruption et les écarts entre riches et pauvres en Equateur, le tout avec un humour qui réussit à alléger les plus glauques des situations.
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