© Le Pacte
Paterson vit dans la ville qui porte le même nom que lui dans le New-Jersey, autrefois connu pour avoir été le repère de nombreux poètes. Lui aussi aime bien la poésie, écrivant d’ailleurs quotidiennement quelques vers. Quant à Laura, sa femme, elle se prépare à faire des cupcakes pour le marché…
Résumer l’histoire de "Paterson" est bien délicate, car justement il n’y en a pas. Ou plus précisément, il y en a une infinité. Parce que "Paterson" n’est pas seulement un film, c’est aussi une ode délicate à la vie, un poème cinématographique simple et pourtant tellement touchant. Le métrage est ainsi un instantané de la vie d’un couple, avec tout ce que cela implique. Mais ici, pas question de multiplier les rebondissements ou les artifices scénaristiques, la caméra nous plonge dans un quotidien banal, un rituel incessant de réveils, de trajets, de conversations. Jim Jarmusch s’attache alors à capturer la beauté des poncifs de l’existence, ces petits moments qui parsèment notre chemin sans que plus personne n’y prête vraiment attention. L’amitié, la communauté, l’amour, le travail… Le réalisateur les magnifie en s’attachant justement à les décrire le plus fidèlement possible, enrobant tous ces évènements courants de la douceur des friandises de notre enfance.
Tous les jours, Paterson qui habite Paterson (dans le New-Jersey) et qui adore Paterson (un recueil de poèmes de William Carlos Williams, déclaration d’amour à la ville) se lève matinalement, discute avec sa femme, écrit des poèmes avant de commencer sa tournée de chauffeur de bus. Il sourira à quelques bribes de dialogues entendus dans son véhicule, croisera quelques personnes avec qui il exprimera des idées sans lendemain, puis rentrera chez lui, retrouvera sa femme avant d’aller dans le bar où il a ses habitudes, laissant son chien à l’entrée du pub. Et puis, une nouvelle journée débutera, et la boucle de recommencer. Mais chaque matin, il sera toujours aussi heureux de cette routine, parce que cette vie-là, cette sécurité, il l’aime. Et c’est précisément là que le film émeut le plus, en célébrant la monotonie du couple dans une sobriété scénaristique s’érigeant en réponse parfaite à l’excentricité de l’univers envoûtant dans lequel le spectateur est plongé.
Car si à l’image des poèmes écrits par Paterson, le métrage s’inscrit dans un réel commun et ordinaire, cette comédie douce-amère est également une œuvre fantasmagorique, légèrement absurde, où les rires se font légers mais sincères. En particulier, le personnage de Laura, est une merveille d’écriture. Ses robes, son obsession pour le noir et blanc et les formes géométriques, ses rêves loufoques, tout ce qui la constitue invite doucement le spectateur à se perdre dans ce monde fantasmé et ultra-référencé. Si la mise en scène inspirée de Jarmusch est l’un des points forts de Paterson, les comédiens ne sont pas en reste, livrant chacun une prestation remarquable. Traiter de la platitude des relations amoureuses n’est jamais aisé, mais le faire sans plonger dans l’ennui est encore plus délicat. Avec cet objet au charme indéniable, le cinéaste réussit les deux et rend, peut-être, l’un des plus beaux hommages possibles à la poésie, puisqu’il n’en retient qu’une certaine magie dont il se sert pour envelopper son récit. Pas impossible que vous filiez directement à la librairie la plus proche à la sortie de la projection d’ailleurs…
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