Pat à bois et brico Mat

Avec "Pat et Mat", le bricolage devient un art burlesque que n'aurait pas renié Chaplin. Les actions s'enchaînent à un rythme effréné, chacune engendrant un nouveau problème qui nécessite une nouvelle solution, chaque idée étant de plus en plus extravagante et éloignant Pat et Mat de leur objectif de départ. Par exemple, lorsqu'ils souhaitent installer un meuble dans leur salle de bain, donc améliorer l'aménagement de cette pièce, ils finissent par mettre en place tout un réseau de tuyaux qui traverse la pièce de part en part, entravant ainsi la circulation et l'utilisation du meuble rajouté ! Et lorsqu'ils souhaitent gagner en efficacité en robotisant leur aspirateur, celui-ci se transforme en véritable monstre qui avale tout sur son passage, meubles compris !

Rien n'arrête Pat et Mat, toujours à la recherche d'une idée potentiellement géniale mais délicieusement absurde. Naïfs et poétiques à la fois, ces personnages défient la logique et le pragmatisme. S'ils sont toujours guidés par la volonté d'améliorer leur quotidien, ils ne se formalisent pas devant l'échec et ne semblent aucunement attachés à la valeur matérielle des choses. Cette absence de matérialisme est d'ailleurs cohérente avec le contexte de production des premiers épisodes de ces films de marionnettes, créés par Lubomir Benes en 1976, dans la Tchécoslovaquie communiste. Dans les épisodes post-communistes réunis dans cette sélection, créés par Marek Benes (fils de Lubomir), on pourrait aussi déceler un message écologique dans la façon dont les deux compères tentent de recycler tous les objets et matériaux qu'ils ont à leur disposition au lieu de les jeter. En effet, n'importe quel objet peut avoir plusieurs vies grâce aux idées saugrenues de Pat et Mat.

Mais on ne saurait évidemment réduire "Pat et Mat" à des messages politiques ou idéologiques sous-jacents. Ces films d'animation sont avant tout un enchaînement délicieux de gags qui font hurler de rire petits et grands (pas toujours au même moment, d'ailleurs).