© Warner Bros. Pictures France
Darry Marzouki, prestidigitateur au chômage, fuit sa triste existence dans une BMW qu’il a volée à son beau-frère. En route, il croise sur le bas-côté Irène Montier Duval, dotée d’un sac rempli de billets de banque. Cette bourgeoise épicurienne et autoritaire a servi d’intermédiaire dans une vente d’armes entre un ministre français et la Corée, le ministre cherchant désormais à lui faire porter le chapeau. Dès lors, elle saisit la rencontre avec Darry comme une opportunité de fuite. Ce dernier, peu enclin à confier son désarroi actuel, préfère mentir en prétextant qu’il se rend au sommet alter mondialiste à Locarno en Suisse. Ces deux personnages en cavale se prennent alors au jeu, chacun roulant vers une nouvelle vie…
Deux caractères antagonistes, éloignés aussi bien par leur milieu d’origine, leurs goûts, leurs personnalités, dont la route se croise pour aller vers de nouveaux horizons… n’aurait-on pas déjà vu cela quelque part? Bien sûr que si, dans la plupart des films où le réalisateur pense que la collision de deux protagonistes caricaturaux suffit à faire émerger une intrigue. Malheureusement, à trop miser sur cette rencontre, l’on est forcément déçus de constater que ce sont des personnages extérieurs qui les mènent chacun vers des réponses à leurs problèmes, le duo n’étant finalement qu’un joli prétexte afin d’établir un repère dans le dédale scénaristique.
Car tout y est: les magouilles politiques, les gros sous, un Coréen fan de Sinatra, les relations familiales, les palaces, l’alter mondialisme, tout cela à la sauce tolérance et respect d’autrui. Certes, ça ne fait de mal à personne, mais la succession de séquences hétéroclites (agrémentées de faux raccords involontaires) ne révèle rien de plus quant à l’intrigue ou les personnages, et finit par perdre le spectateur. Cet imbroglio est néanmoins illuminé par quelques moments très touchants, tels que l’hommage rendu à Darry Cowl dont Marzouki serait le fils caché, ou encore les séquences dans la clinique psychiatrique avec sa mère dont la maladie d’Alzheimer l’éloigne de ses proches…
Si l’on est loin des comédies américaines des années 40 auxquelles la réalisatrice fait référence, le jeu des acteurs est lui tout à fait convaincant. Nathalie Baye endosse avec assurance le rôle de l’emmerdeuse sur-active, cachant une solitude et une naïveté touchantes. Edouard Baer, éternel abonné au rôle du quadra dépressif semble toujours à l’aise dans ce costume, tantôt lunaire et rêveur, tantôt fantasque et rebelle. Les seconds rôles sont interprétés notamment par Bulle Ogier (aussi charmante que dans «Faut que ça danse» en mère psychologiquement déphasée), Guy Marchand et Maurice Bénichou en politiciens véreux, et Mélanie Bernier (comédienne de «Vénus & Apollon» la série tirée de «Vénus Beauté» ), désarmante et mutine patiente d’un hôpital psychiatrique.
« Passe Passe » est un film ambitieux, trop labyrinthique pour qu’on adhère au scénario, dont les enjeux démultipliés pèsent sur le couple Baer-Baye. Si le charme agit par petites touches, l’on regrette l’incohérence de l’ensemble et le manque d’audace dans la mise en scène.
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