Plus pour le Bad Trip 3D que pour le Paranormal

Il est extrêmement rare de voir une petite production débarquer en 3D. Cela l'est d'autant plus lorsque la production est française. Frédéric Grousset et son chef opérateur ont donc d'ailleurs tourné ce film directement en 3D à l'aide de deux caméras, et non pas gonflé le relief en post-production comme c'est souvent le cas. L'effet est très réussi, notamment dans la 4L au début du film (ensuite l'œil s'habitue) et le rendu très net, malgré l'effet caméra amateur. En plus de cela, c'est filmé à la manière d'un "Paranormal Activity" ou autre "[REC]", ce qui en fait le premier film found footage du genre à avoir été tourné en 3D ! Cocorico !

"Paranormal Bad Trip 3D" ressemble à une bonne blague potache entre potes. Étant donné que c'est ici le sujet du film, ça fonctionne complètement. La première partie est à ce titre hilarante grâce aux pitreries du personnage de Philippe, un quarantenaire qui s'est mis en mode adolescent immature pour la soirée mais qui n'en bronche pas une devant sa femme tyrannique. Gilles est lui un cinquantenaire plus posé toujours prêt à faire fête et Yohann, que l'on ne verra jamais et qui ne parle que très rarement (c'est bien dommage pour l'immersion), est le caméraman de la soirée. Tous les trois emmènent leur pote Julien à une soirée qu'ils promettent mémorable : du bar à la galère en 4L, en passant par un inévitable strip-tease, on se prend à rire des grosses vannes que ces comparses s'envoient à la figure. L'effet 3D aidant, c'est immersif et l'on se sent avec eux.

Puis la narration se gâte sévère dès lors que l'on entre dans la partie horreur. Perdus dans la forêt, les amis s'affolent car ils ont renversé une jeune femme en robe de marié (la dame blanche?). Quoiqu'il en soit, le film prend vite des allures de pauvre ersatz de "Projet Blair Witch" qui finit par faire presque totalement oublier le plaisir de la première heure. Surgissant comme des cheveux sur une soupe, un paquet d'acteurs mal maquillés en zombies viennent envahir l'écran et les oreilles, quand ce n'est pas la bande son de la caméra défaillante à causes d'ondes maléfiques qui martèle les tympans. Un beau gâchis pour un petit film qui avait réussi à capitaliser sur notre sympathie toute la première partie.