© Wild Bunch Distribution
Un jeune couple suspecte sa maison d’être hantée. Ils décident de mettre en place une surveillance vidéo durant leur sommeil, afin d’enregistrer les événements nocturnes dont ils sont les victimes...
Il est de ces films qui font plus de bruit que de peur. C’est le cas de « Paranormal Activity », la grosse surprise de l’année vendue par Paramount comme une petite bande vidéo amateur, filmée entre quatre murs, avec trois francs six sous, et montrée à gauche à droite depuis 2007 avant de trouver un véritable réseau de distribution. Est-ce qu’on nous ferait le coup du film « qu’on a failli ne jamais voir » ? Bien sûr, les possibilités marketing sont énormes. Oren Peli, le jeune réalisateur d’origine israélienne, devient l’un de ces martyrs du système hollywoodien, sauvés par l’intervention divine d’une instance qui reconnaît in fine la qualité essentielle de son œuvre et qui décide de la partager avec le monde entier.
Pour l’occasion, Paramount se chausse d’une auréole dorée et trouve sa légitimité dans l’aide au petit film bricolé, passé entre les mains de Miramax puis de Dreamworks – qui devrait en produire un remake (sic). Le modèle à suivre pour toute cette opération étant « Le Projet Blair Witch », le bon coup du siècle que tous les studios d’Hollywood – tous ! – regrettent de n’avoir pas flairé en amont ; une bonne raison pour ne surtout pas laisser passer le dernier phénomène en date, dont toute la communauté Facebook parlait depuis des années.
Mais qu’en est-il réellement du film ? Qu’en est-il des fondamentaux : l’image, le son, les comédiens ? En surfant sur la vague de la réalisation en caméra portée, « Paranormal Activity » s’engouffre pleinement dans le domaine de l’émotion, au risque d’ignorer certains besoins intelligibles essentiels pour le spectateur. Le dispositif est des plus simples : une maison américaine, un couple, un esprit frappeur qui s’amuse à les terroriser. Micah et Katie décident de filmer les événements nocturnes paranormaux – bruits de pas, respirations – afin de prouver qu’ils ne sont pas fous, afin peut-être de comprendre. Pendant la journée, Micah utilise sa caméra en guise d’yeux : elle suit tout de ce qui se passe, discussions et crises d’angoisse. Durant la nuit, l’appareil reste posé dans la chambre à coucher, filmant en grand angle l’ensemble de la pièce et une partie – ténébreuse – du couloir. Quand la nuit tombe, les fantômes viennent à notre rencontre.
Ce dispositif nocturne constitue la grande force esthétique et émotionnelle d’un film qui, au-delà de ce plan riche en événements, non seulement fait office de pétard mouillé, mais en sus échoue à apporter quoi que ce soit de nouveau au genre. Il s’avère que l’essentiel de « Paranormal Activity » peut se résumer à d’interminables discussions dans la cuisine et aux crises de panique un poil sur-jouées de Katie.
Quant aux apports narratifs, toutes les pistes d’exploration du genre sont réduites à néant à mesure que l’intrigue avance (table oui-ja sous-exploitée, présence superflue du médium quand on pouvait attendre une mémorable scène d’exploration médiumnique à l’instar de « Poltergeist » ou, plus récemment, de « L’Orphelinat », background sans intérêt de Katie qui ne semble nullement traumatisée par les esprits frappeurs qui la suivent depuis qu’elle est gamine…), ne laissant plus, pour prendre un peu de plaisir, que les quelques séquences un peu effrayantes filmées dans la chambre. Et encore : rien qui, à notre avis, empêche durablement de trouver le sommeil.
Finalement, le vrai événement paranormal dans tout ça, ce serait que l’imbécile mise en chantier du remake, qui sera tourné par Peli lui-même, donne un film meilleur que l’original. Alors, on ne croira sans doute plus aux fantômes, mais certainement aux miracles.
LA BANDE ANNONCE
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais