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Une adolescente est envoyée en vacances dans un « diet camp », un camp d'amincissement. Espérant maigrir, elle va se laisser séduire par le médecin du camp...
Après avoir fait sensation au Festival de Cannes avec "Paradis : amour", fable cynique sur le pouvoir de corruption de l'argent, et avoir présenté "Paradis : foi" au Festival de Venise, parabole caricaturale sur l'hypocrisie de la bienfaisance, c'est au dernier Festival de Berlin que nous avons découvert le troisième et dernier volet de la trilogie de Ulrich Seidl. "Paradis : espoir" nous propose de suivre le quotidien d'une jeune fille tentant de maigrir, loin de ses parents, livrée aux naturelles obsessions des ados de son âge, et à l'éducation vue par des adultes qui en ont une drôle de définition.
L'espoir que décrit ici l'auteur autrichien est donc celui de perdre du poids, mais aussi celui d'être comme les autres, et d'être notamment capable de séduire, et pourquoi pas de trouver l'amour. Fidèle à son cynisme habituel, Ulrich Seidl propose bien entendu une figure un peu particulière de cet amour rêvé, incarné par le médecin du camp, ciblé dès sa première apparition comme un potentiel pervers (c'est lui qui s'allonge et fait écouter son cœur à la fille). Presque en silence, avec un minimum de dialogues, le film décrit ainsi un monde où les adultes ne promettent rien de rose aux enfants : l'entraîneur se croit à l'armée, le séducteur est un vieux beau qui souffle le chaud et le froid, quant aux repas, ils sont tous les mêmes, comme symbolisant la banalité de la vie qui les attend.
Faisant au passage un clin d’œil à ses deux films précédents, sous forme de lien avec les personnages principaux des deux autres volets dans les scènes d'ouverture et de clôture, Ulrich Seidl met face à face les fantasmes et discussions d'adolescentes (le sexe, les garçons, la virginité, la bouffe, les « dégustations mentales »...), et l'irresponsabilité des adultes. Le réalisateur dépeint au final l'adolescence comme une souffrance désœuvrée, faite d'addiction aux sucreries, aux téléphones portables et aux consoles de jeu, les jeunes femmes jouant du peu d'intérêt que semble leur porter leur famille pour arriver à leurs fins (l'héroïne ne raconte pas au téléphone la même version de son séjour, à son père ou à sa mère...).
Sans retrouver les compositions inventives des plans de "Paradis : amour", le réalisateur s'amuse tout de même à transformer visuellement sa colonie en quasi camp de redressement militaire, et joue avec les couleurs, pour signifier la nourriture et son rejet. Plutôt plaisant par son aspect "400 coups" d'une bande de jeunes filles en fleur, "Paradis : espoir" s'avère finalement sans grand relief et en tous cas beaucoup moins subversif que les deux précédents épisodes.
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