© Rezo Films
Une invention permet à chacun de visualiser les rêves des autres, mais pas de les vivre. Un exemplaire a mystérieusement été volé...
Trouver un dessin animé dans la compétition d'un grand festival n'est plus chose rare. Cette année à Venise c'est Satoshi Kon qui eut droit aux honneurs de la course au Lion d'Or. L'auteur de "Tokyo Godfathers" (inédit en salles mais disponible en DVD) revient donc, avec "Paprika", conte surréaliste et futuriste, dont le pitch n'est pas sans rappeler celui de "Strange days" de Kathryn Bigelow, dans lequel les rêves pouvaient être vécus par les autres, ce qui n'est pas le cas ici.
La virtuosité de la mise en scène réside dans la mise en abîme de la réalité et des rêves qui s'entremêlent à volonté, semant en permanence le doute dans un récit qui devient de plus en plus complexe. Les dangers liés aux avancées technologiques et à l'intrusion de la société dans la vie privée sous prétexte de thérapie sont ici fustigés avec discrétion dans un bordel grandissant. Meilleur symbole de celui-ci, la parade des objets inanimés qui évolue dans un joyeux vacarme, mais ne s'en avère pas moins inquiétante.
Cela donne un film survolté, un temps intrigue policière, un autre temps parcours psychanalitique torturé, où les personnalités multiples du personnage principal évoluent et se croisent dans les mêmes mondes. On en ressort lessivé et perplexe, comme face à une motte de paille dans laquelle on aurait pas réussi à trouver l'aiguille. C'est beau, foisonnant, surréaliste, captivant et glaçant à la fois. Et seul un dessin animé pouvait décemment rendre cela.
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