© Zootrope Films
Marius vient chercher sa fille Sofia chez son ex-femme pour l'emmener à la mer, mais tout ne va pas se passer comme prévu...
Outre les films français et américains (ou plus largement, de langue anglo-saxonne), les autres pays sont souvent résumés sur nos écrans, pour le grand public, à quelques grands noms. En ce sens, l'Espagne serait par exemple Almodóvar, l'Iran Farhadi ou la Roumanie Mungiu. Ce dernier, lauréat cannois à deux reprises, dont une Palme d'or, est devenu le réalisateur faisant rayonner le cinéma roumain à l'international. Qu'il soit proclamé ici qu'il n'est plus le seul ! La relève est arrivée en la personne de Radu Jude, qui nous assène une claque avec son papa dominical.
Le film débute comme le banal quotidien d'un couple divorcé dont le père vient chercher sa fille lors de son week-end de garde. Un détour chez ses parents nous annonce déjà la couleur. Le grand-père nous semble sympathique, haut en couleur, pour finalement devenir hystérique, faisant éclater les tensions familiales qui déteindront sur tous les personnages, excepté Sofia, l'enfant, petit être innocent qui va être le témoin impuissant de la folie des adultes. C'est surtout Marius (formidable Serban Pavlu), père désespéré à la limite du borderline, qui va osciller entre amour et haine pour finalement perdre le contrôle de la situation, quand son ex refuse qu'il emmène sa fille à la mer. Le cinéaste fait preuve d'une grande subtilité en laissant au spectateur la liberté de juger, montrant au passage que rien n'est tout noir ou tout blanc, que rien n'est plus difficile ici que de prendre parti.
Plusieurs éléments évoquent "Une Séparation" d'Asghar Farhadi : le drame familial, le huis-clos dans l'appartement, les dialogues intenses et comme ininterrompus, l'incapacité des personnages à communiquer et à s'entendre. Mais là où le cinéaste iranien restait dans la gravité, Radu Jude parvient à nous faire sourire par les réactions démesurées de son protagoniste. Mais c'est un sourire teinté de tristesse, au vu de l'impasse qui se profile. Cette chronique grinçante, tel un électrochoc, empêche le spectateur d'être passif et le place en témoin d'une crise impossible à résoudre. En cela, au temps où chaque jour fleurissent des polémiques brûlantes, un film qui incite autant à la réflexion fait du bien.
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