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© Universal Pictures International France

OUIJA : LES ORIGINES

(Ouija: Origin of Evil)


un film de Mike Flanagan

avec : Annalise Basso, Elizabeth Reaser, Lulu Wilson, Henry Thomas, Parker Mack, Halle Charlton, Alexis G. Zall, Doug Jones…

Los Angeles, 1965. Alice Zander est veuve et vit avec ses deux filles, Paulina et Doris, dans la maison achetée par son défunt mari. Toutes trois gagnent leur vie en organisant de fausses séances de spiritisme. Un jour, Paulina suggère à sa mère d’investir dans une planche ouija pour pimenter un peu ses séances. Grâce à cette planche, Doris, la fille cadette, découvre qu’elle peut communiquer avec les esprits. Un jour, quelque chose prend possession de la fillette…


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Photo film

Un film d’horreur parmi tant d’autres

Le spiritisme, les esprits et la possession comptent parmi les sujets les plus récurrents dans le cinéma d’horreur. Et bien souvent, les films reposant sur ces thématiques manquent cruellement de créativité et d’audace. Mis à part quelques exceptions telles qu’Insidious, de James Wan, les films comme "Ouija : Les origines" sont bien souvent des productions moyennes visant une marge maximum grâce à de petits budgets. C’est la stratégie adoptée par Jason Blum et sa société Blumhouse Productions, que l’on retrouve derrière les deux "Ouija". Les chiffres parlent d’eux-mêmes ! Le budget du premier volet est estimé à 5 millions de dollars, pour des recettes mondiales dépassant les 103 millions. Pour que vous vous rendiez bien compte de l’importance de ce chiffre, sachez que cela représente une marge de 1 960 % ! Bien souvent, lorsqu’un film est un succès, la suite est dotée d’un budget supérieur pour lui garantir, en principe, un niveau de qualité au moins équivalent. En l’occurrence, le second volet de ce qui pourrait bien devenir la « saga Ouija » a été produit avec 9 millions de dollars.

Cela peut paraître beaucoup d’argent, mais c’est un budget qui reste très faible pour un film de cinéma. À titre de comparaison, "Snowden" d’Oliver Stone, qui est sorti une semaine après "Ouija : Les origines", a coûté 40 millions de dollars, et on est encore loin des 294 millions de "Titanic". Il est bon de garder ces quelques éléments à l’esprit lorsque l’on se penche sur un film comme "Ouija : Les origines".
Pour en revenir au film, très moyen dans son ensemble, notons que l’histoire manque cruellement d’originalité bien qu’elle comporte un certain intérêt en tant que prequel de "Ouija". On retrouve Doris avant qu’elle ne devienne l’immonde esprit du premier volet et Paulina avant qu’elle ne devienne vieille et manipulatrice. D’ailleurs, ce prequel avait beaucoup de choses à prouver car, malgré le succès du premier film au box-office, les critiques avaient été très mauvaises, autant de la part de la presse que du public !

Malheureusement, le niveau ne s’élève pas franchement. Certes, de nombreuses erreurs ont disparu, comme cette abominable BO avec ses basses poussées à fond, mais elles n’ont pas été remplacées par de bonnes idées pour autant. Durant une heure et demie, Mike Flanagan empile les clichés de l'horreur, et le film en devient très prévisible. La plupart des effets de style sont très convenus. Quant à l’ambiance rétro, ce n’est que du déjà-vu ! Cela fait plusieurs années que cette dernière est très à la mode dans le cinéma de genre. On pense notamment à la saga "Conjuring" de James Wan – également produite par Jason Blum – qui développe le même genre d’ambiance vintage, mais de manière beaucoup plus pertinente.

Alors, est-ce que les personnages remontent un peu le niveau ? Là encore non…, il n’y a pas grand-chose à dire. Les trois rôles féminins composant la famille Zander sont plutôt réussis, tout comme le petit ami de Paulina. Ils suscitent une certaine empathie et évoluent en suivant des motivations plutôt pertinentes. Mais ne nous emballons pas ! On est bien loin de la profondeur d’un personnage comme Cobb (Leonardo DiCaprio) dans "Inception". Les personnages de "Ouija : les origines" sont corrects, mais sans plus. Il y a toutefois un personnage qui diffère et nous laisse une impression plus tranchée. Il s’agit du père Tom, le curé du film – car un film de possession sans prêtre n’en est pas un ! Il est joué par Henry Thomas, tombé bien bas quand on sait qu’il jouait Elliot, le petit héros d’"E.T l’extra-terrestre" en 1982. En effet, c’est sans doute le personnage le plus en-dessous. Cela tient en partie à l’interprétation fade et sans âme de Thomas, mais pas seulement. Car il aurait difficilement pu faire mieux avec un rôle pareil : un curé prêt à renier ses vœux avec la première mère célibataire venue, et qui se lance dans une séance de spiritisme dans l’espoir de communiquer avec sa défunte épouse (avant qu’il ne soit curé). Même si l’on peut comprendre qu’il regrette sa femme, il devrait logiquement préférer prier et s’en remettre à Dieu plutôt que de se tourner vers ce genre de pratique. Rester loin du monde des ténèbres, des esprits et des démons, voire les combattre, ça doit être quelque chose que l’on apprend quand on entre au séminaire, non ? Visiblement, le père Tom a séché cette matière.

Enfin, quant à l’aspect technique du film, il ne faut pas trop en attendre non plus. Ce n’est pas mauvais, mais c'est loin d'être bon. Si certaines des erreurs du premier film ont bien été corrigées, il en reste beaucoup d’autres. Bref, ce prequel, sans être un navet, est très loin d’être un bon film. À peine sorti de la salle de projection, qu’on l’a presque déjà oublié. Un film d’horreur parmi tant d’autres en somme.

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