© Les films du losange
Anne vit seule dans un vieil appartement de Bordeaux. Résolument solitaire, elle refuse toute relation sociale ou amoureuse. La nuit, elle est régulièrement réveillée par des bruits provenant du mur. N’y tenant plus, elle prend une masse, casse la cloison et libère une colombe prise au piège d’une gaine de cheminée...
Triste et vide, l’existence d’Anne est rythmée uniquement par le minimum vital : Manger, dormir, et travailler. Contemplative, la caméra suit son quotidien pendant plusieurs minutes sans accrocher la moindre voix. Les plans se succèdent au gré de la routine et des errances de la jeune femme. Enfin, un bruit dans l’appartement vient rompre le silence. Les sons anarchiques et sourds qui s’échappent du mur finissent par obséder Anne au point qu’elle préfère le ronronnement régulier de la machine à laver pour s’endormir.
L’arrivée de l’oiseau insuffle petit à petit un peu de vie dans le personnage. Yves Caumon profite alors de cette fenêtre ouverte pour disperser de ci-de là des indices présageant un malheur passé. Anne a perdu un enfant et depuis sa vie s’est arrêtée, faisant d’elle un robot. Seule la rencontre d’une ancienne amie, qui l’invite elle et son fils, provoque son effondrement à retardement, dans l’obscurité d’une salle de cinéma.
De tous les plans, Sandrine Kiberlain tient la distance au propre comme au figuré. Elle évoque, impassible, la femme qui n’a plus rien à perdre, et encore moins à gagner. La caméra s’attarde sur son visage, ses gestes et ses errances. Cette fixation pose le poids d’une douleur latente. Elle affirme cette sensation de ne plus éprouver le moindre sentiment tant le choc fut violent. Il faudra l’oiseau qui, tel un fantôme lointain de l’enfant, permettra à Anne de faire son deuil et retrouver l’envie de vivre.
Malheureusement, le ton strict et froid noie un tant soit peu le scénario pourtant original. L’atmosphère, privée de la moindre émotion, est tellement bien retranscrite que la jolie parabole de l’oiseau qui sort Anne de son mutisme est reléguée au second plan. On aurait aimé un peu plus de détachement dans la mise en scène. Néanmoins, l’histoire d’Anne est prenante. Sa conclusion semi-ouverte est pleine d’espoir et montre bien l’état de quarantaine dans laquelle l’âme humaine peut s’enfermer pour guérir de ses plaies… un beau récit, étriqué dans un écrin quelque peu rigide.
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