affiche film

© Warner Bros. France

OCEAN’S TWELVE


un film de Steven Soderbergh

avec : George Clooney, Brad Pitt, Catherine Zeta-Jones, Matt Damon, Vincent Cassel, Julia Roberts...

Trois ans aprĂšs leur « casse du siĂšcle », les onze d’Ocean se sont dispersĂ©s. Leur quiĂ©tude est mise Ă  mal par le retour de Terry Benedict qui les somme de lui restituer les millions volĂ©s. Les onze vont devoir retourner au charbon et affronter le mystĂ©rieux adversaire qui les a donnĂ© Ă  Benedict...


3
Photo film

11 + 1 = 12

Une maxime cinĂ©philique dit que la seule suite supĂ©rieure Ă  son original est Le Parrain 2. Pas faux, tant il est vrai que nombre de suite (99% d’entre elles ?) rĂ©pondent avant tout Ă  une motivation mercantile. Ocean’s Twelve ne dĂ©roge pas Ă  la rĂšgle, car autant l’annoncer tout de suite : le premier est supĂ©rieur. Car rien ne justifiait une suite n’était-ce le casting le plus glamour (et le plus cher) au monde et ces fans prĂȘts Ă  beugler devant le moindre sourire de Clooney et le moindre dĂ©hanchement de Roberts. Heureusement, Soderbergh est un cinĂ©aste « jouisseur » qui s’amuse avec son art, et nous avec. Ou presque.

Car lĂ  oĂč le premier opus valait pour son incroyable classe, sa fluiditĂ© hors pair et l’empathie lĂ©gitime qu’inspirait la distribution, cette suite brouille les repĂšres Ă  plus ou moins bon escient. Lorgnant plus encore vers le thriller seventies type « L’Affaire Thomas Crown » ou « L’Arnaque », Soderbergh se livre Ă  un exercice de style arty, quasi expĂ©rimental, avec au programme scĂ©nario d’équilibriste, mises en abyme dĂ©calĂ©es et autocitation permanente. Si la dĂ©marche est passionnante tant elle se joue de la narration (changements incessants de points de vue, de rĂ©fĂ©rant, caractĂ©risation sans cesse bousculĂ©e) avec brio et jubilation, elle atteint les limites de l’incongruitĂ© tant l’effet de distanciation est prononcĂ©.

Difficile en effet de s’identifier Ă  des personnages qui n’existent dĂ©sormais que pour eux-mĂȘmes. Comme si le premier spectateur de Clooney Ă©tait Pitt, et on vous laisse dĂ©couvrir ce qu’il advient de Julia Roberts, car lĂ  encore on est partagĂ© entre inspiration gĂ©niale et l’impression que Soderbergh fait sa popote repliĂ© sur son nombril starisĂ© de rĂ©al’ branchouille. Le problĂšme est qu’on a beau voir les limites du projet, il y a toujours cette maĂźtrise formelle certaine qui emballe malgrĂ© tout. Peut-ĂȘtre faut-il simplement prendre Ocean’s Twelve pour ce qu’il est : une parodie du premier. Couillu, excitant. Frustrant.

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