© Warner Bros. France
Trois ans aprĂšs leur « casse du siĂšcle », les onze dâOcean se sont dispersĂ©s. Leur quiĂ©tude est mise Ă mal par le retour de Terry Benedict qui les somme de lui restituer les millions volĂ©s. Les onze vont devoir retourner au charbon et affronter le mystĂ©rieux adversaire qui les a donnĂ© Ă Benedict...
Une maxime cinĂ©philique dit que la seule suite supĂ©rieure Ă son original est Le Parrain 2. Pas faux, tant il est vrai que nombre de suite (99% dâentre elles ?) rĂ©pondent avant tout Ă une motivation mercantile. Oceanâs Twelve ne dĂ©roge pas Ă la rĂšgle, car autant lâannoncer tout de suite : le premier est supĂ©rieur. Car rien ne justifiait une suite nâĂ©tait-ce le casting le plus glamour (et le plus cher) au monde et ces fans prĂȘts Ă beugler devant le moindre sourire de Clooney et le moindre dĂ©hanchement de Roberts. Heureusement, Soderbergh est un cinĂ©aste « jouisseur » qui sâamuse avec son art, et nous avec. Ou presque.
Car lĂ oĂč le premier opus valait pour son incroyable classe, sa fluiditĂ© hors pair et lâempathie lĂ©gitime quâinspirait la distribution, cette suite brouille les repĂšres Ă plus ou moins bon escient. Lorgnant plus encore vers le thriller seventies type « LâAffaire Thomas Crown » ou « LâArnaque », Soderbergh se livre Ă un exercice de style arty, quasi expĂ©rimental, avec au programme scĂ©nario dâĂ©quilibriste, mises en abyme dĂ©calĂ©es et autocitation permanente. Si la dĂ©marche est passionnante tant elle se joue de la narration (changements incessants de points de vue, de rĂ©fĂ©rant, caractĂ©risation sans cesse bousculĂ©e) avec brio et jubilation, elle atteint les limites de lâincongruitĂ© tant lâeffet de distanciation est prononcĂ©.
Difficile en effet de sâidentifier Ă des personnages qui nâexistent dĂ©sormais que pour eux-mĂȘmes. Comme si le premier spectateur de Clooney Ă©tait Pitt, et on vous laisse dĂ©couvrir ce quâil advient de Julia Roberts, car lĂ encore on est partagĂ© entre inspiration gĂ©niale et lâimpression que Soderbergh fait sa popote repliĂ© sur son nombril starisĂ© de rĂ©alâ branchouille. Le problĂšme est quâon a beau voir les limites du projet, il y a toujours cette maĂźtrise formelle certaine qui emballe malgrĂ© tout. Peut-ĂȘtre faut-il simplement prendre Oceanâs Twelve pour ce quâil est : une parodie du premier. Couillu, excitant. Frustrant.
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