© Sophie Dulac Distribution
Trois parcours vont s'entrecroiser dans l'Europe d'aujourd'hui. Ceux d'une étudiante, d'un cadre et d'une famille Kurde. De milieux sociaux bien différents, tous aspirent au même idéal : trouver leur terre promise...
Alors que « Welcome » triomphe actuellement, un nouveau film sur les problèmes liés à la mondialisation, à l’immigration et à l’identité des peuples arrive sur nos écrans. Pourtant « Nulle part, terre promise », troisième long-métrage d’Emmanuel Finkiel ("Voyages"), ne ressemble en rien au film de Philippe Lioret. Ni histoire romancée, ni émotion larmoyante, ni tête d’affiche dans ce film âpre, brut, évidemment noir et surtout inclassable. Seul le constat est le même.
« Nulle part, terre promise », lauréat du Prix Jean Vigo 2008, est un film en mouvement. Il suit le départ de machines de production de l’ouest vers l’est, à travers les yeux d’un jeune cadre qui se rend au nouvel entrepôt basé en Hongrie. Le film accompagne également le départ de clandestins de l’est vers l’ouest, nichés à l’arrière d’un camion. Il raconte, enfin, le parcours d’une jeune femme, sorte d’électron libre qui sillonne l’Europe et qui enregistre avec sa caméra des images des populations à l’abandon.
Et quand on lui demande pourquoi elle filme des gens pauvres, elle répond au contraire qu’ils sont des gens forts. Illustration dont rend compte Finkiel un peu plus tard : la jeune femme s’effondre en larmes quand on lui vole sa caméra numérique et le jeune cadre retire nerveusement du liquide à un guichet automatique avec la peur au ventre de se faire agresser par des Hongrois, quand de leur côté le père Kurde et son fils vivent d’espoir dormant sur les plages de Calais et bravant le froid.
Finkiel pose ainsi l’inqualifiable paradoxe de la mondialisation : celle qui permet l’ouverture des frontières à une entreprise qui veut faire du capital et qui laisse sur le carreau des ouvriers au chômage face à celle qui conduit des populations en détresse à trouver des portes closes et rêvant simplement d’une autre vie, plus douce, ailleurs.
« Nulle part, terre promise » fait ainsi écho aux questions que la crise mondiale actuelle soulève : économie et morale font-elles bon ménage ?
Mais alors « Que faire ? » se demande le cadre dans sa chambre d’hôtel, désespérément vide et froide. « Que faire ? » se demande la jeune femme sur son siège d’Eurostar témoin de l’arrestation de clandestins dans le tunnel sous la Manche. Que faire, à part constater et observer ?… « Bouger » semble proposer Finkiel tant son film est en perpétuel mouvement.
Un film hors norme dont l’originalité de la forme épouse à merveille la force du fond. C’est sûr, vous n’avez certainement jamais vu un film aussi étrange et dérangeant.
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