© Shellac
Sur la jetée du port de Sainte Maxime, un homme sauve une femme des bras d'un vieux pervers. Tous deux commencent à discuter. Ils se donnent rendez-vous la nuit suivante...
Adapté des "Nuits blanches" de Fédor Dostoïevski (et de l'autre nouvelle "Carnets du sous-sol" pour son ouverture), le nouveau film de fiction de Paul Vecchiali, cinéaste actif depuis le début des années 60 et auquel sera consacré en 2015 une rétrospective en deux actes (avec entre autres "L'étrangleur", "Femmes femmes", "Corps à coeur", "Rosa la Rose, fille publique"...) arrive à émouvoir, grâce une unité de lieu, des dialogues touffus et incisifs, et surtout à deux comédiens investis et justes, dont le jeu du chat et de la souris fait autant souffrir que sourire.
Face aux espoirs de cette femme, de renouer avec un amant revenu sur place, le jeune homme hésite entre s'interposer et participer, tombant progressivement amoureux. Le regard de Pascal Cervo, sa douceur dans la voix, contrastant avec sa propre vision de lui-même, exprimée dans la première scène (faire mal aux autres provoque du plaisir et revient à se faire mal soi même, car à s'exposer aux remords), fleurent bon le mélange d'admiration et de désir. Elle, passe d'éclairs de joie, à des crises de larmes, Astrid Adverbe donnant corps à ses sautes d'humeur de merveilleuse manière.
Autour d'eux, Vecchiali imprime peu à peu sa poésie. D'un subtil jeu de mise en lumière des visages, l'auteur donne à voir les pudeurs, les hésitations, les premières confessions et les faux semblants. Par une scène légère et magique de danse improvisée, il donne à voir la liberté d'une héroïne emplie d'espoir, tout comme l'homme amoureux progressivement pris à l'hameçon. Seule la scène en noir et blanc, contant une discussion entre l'homme et sa belle mère, si elle implique une certaine tendresse, dénote un peu, par le caractère trop théâtral du jeu. Toutefois l'ensemble dégage une curieuse énergie, à la fois vitale et désespérée, romanesque et profondément humaine. Un univers, et surtout une rencontre, à découvrir, au delà il est vrai, de sa rébarbative scène d'ouverture.
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