© Mars Distribution
Après la mort de son oncle, John Lennon vit à présent seul avec sa tante Mimi. Très exigeante avec lui, ils se disputent régulièrement. John retrouve alors sa mère Julia, en qui il trouve une confidente. Tous deux passionnés de musique, elle lui offrira sa première guitare. Il fonde alors son premier groupe les «Quarrymen» auquel viendront se joindre deux jeunes garçons : Paul McCartney et Georges Harrison...
Tout au long de sa vie, John Lennon a eu une destinée des plus singulières. Chacun connaît l’extraordinaire carrière des Beatles (groupe ô combien mythique), l'engagement de Lennon pour la paix, nu, aux côtés de Yoko Uno, et sa mort tragique sur un trottoir de New York. Néanmoins, à moins d’être un fervent admirateur, peu de gens connaissent l’adolescence de cette icône légendaire de la pop anglaise, avant qu’il ne devienne un garçon dans le vent.
Très appliquée, Sam Taylor-Woods aborde son sujet avec un certain classicisme. La construction est linéaire, le cadre parfait et les décors réalistes. Cela surprend quand on connaît la carrière de la vidéaste. Plus habituée aux musées d’art contemporain qu’aux salles obscures, elle a toujours concentré son travail sur les émotions et la difficulté de les exprimer. Un soupçon de trash, de l’élégance à revendre, sans pour autant être des plus sophistiquée, telle est la patte de l’artiste britannique.
“Nowhere boy” paraît alors bien sage en comparaison du reste de son œuvre. Pour exemple, son court métrage “Love you more” est beaucoup plus efficace en retraçant les émois naissant de deux adolescents survoltés par leurs hormones. Mais les variations des sentiments en amour sont nombreuses et, à bien y regarder, “Nowhere Boy” ne faillit pas à la règle, en servant d’écrin au joli minois d’Aaron Johnson. Acteur très prometteur, il est aussi le compagnon de la réalisatrice dans la vie, et visiblement… elle en est très amoureuse !
Néanmoins, il serait réducteur de juger ce film en ne délogeant pas des coulisses. Car sous ses allures de biopic, “Nowhere Boy” dévoile une toute autre ambition, celle de dresser le portrait d’une famille déchirée en reconstruction. John est né pendant le blitz, un signe avant-coureur d’une enfance meurtrie par des parents immatures. Sam Taylor-Woods construit son récit en développant l’épilogue de cette histoire de famille : la fin heureuse, entre guillemets. John est à présent un adulte et prend le parti de pardonner à sa mère en ne voyant que ses bons côtés. Leur passé douloureux, la réalisatrice préfère le divulguer au gré de petits flashbacks qui se révèlent de plus en plus explicites.
En filigrane, le film esquisse deux beaux portraits de femme. Élégamment interprétées par Kristin Scott-Thomas et Anne-Marie Duff, les deux sœurs, que tout oppose, incarnent à elles seules la complexité des liens fraternels. Ce mélange sulfureux qui lie les plus beaux instants de complicité aux disputes les plus violentes ! À elles deux, elles symbolisent les deux piliers fondamentaux de la vie de John. Enfant, l’une le chérit et l’élève, tandis que l’autre le condamne à être un «garçon de nulle part». À l’inverse, 15 ans plus tard, l’une l’étouffe et réprime toutes ses ambitions, alors que l’autre fait de lui John Lennon !
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