© Haut et Court
Suite a un accident stupide, Graham perd la mémoire toutes les dix minutes et sa vie s'en voit profondément bouleversé. Rien n'y fait. Rien ne semble lui permettre de retrouver le fil de sa mémoire, sauf peut-être sa rencontre avec Irène...
Avec une mémoire fuyante, c'est le temps qui devient répétitif, le personnages principal revit alors à l'infini les mêmes situations sans pour autant s'en apercevoir. Les autres acteurs autour de lui sont à la fois des éléments perturbateurs et manipulateurs, mais représentent aussi les seuls repères de sa vie. Et malgré cela le spectateur ne prend pas en pitié le pauvre Graham, mais se trouve attiré par ce jeune homme aux accents ibériques et qui semble se comporter comme un enfant.
Le réalisateur utilise ce canevas de départ pour parler d'amour et de souvenirs de manière originale, les fuites mémorielles du héros facilitant les rencontres et les contacts, de par son naturel apparent et sa fraîcheur permanente. Et plus le film avance, plus on en arrive à l'envier, tellement son détachement du quotidien semble faciliter ses relations avec autrui, et tellement la peur de l'échec lui est inconnu. Et c'est par cet avantage qu'il nourrit une relation charnelle avec les femmes et notamment avec Irène.
Il donne le meilleur de lui même nuit après nuit, il ne s'enferme pas dans des habitudes ni dans des contradictions conduisant souvent à l'ennui, cette dimension érotique ne faisant que renforcer la spontanéité de Graham. Le réalisateur filme de manière énergique, en laissant le temps au spectateur de s'attarder sur les visages de ses acteurs, exprimant toujours leurs désirs et leurs sensations en finesse.
Néanmoins le scénario semble au départ s'éparpiller sans que l'on sache si le film va évoluer vers le polar ou la romance pure, et le manque de détails concernant les personnages secondaires laisse un flou quant à la volonté réelle de nous surprendre. Un film donc au final réjouissant, plein de surprises, servi par un casting tout en nuance et reposant en partie sur les épaules du surprenant acteur espagnol Edouardo Noriéga, le regard félin et la voix presque enfantine. Aller voir ce film procure un plaisir parfois incomplet, mais contrairement à son héros, son souvenir ne s'estompera pas au bout de 10 minutes.
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