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© Arwestud Films

NOUS, TIKOPIA


un documentaire de Corto Fajal

Sur l’île de Tikopia, le jeune roi Ti Namo a pour mission de faire perdurer son peuple et sa culture chez les futures générations. Mais cette île, petit morceau d’humanité perdu au beau milieu de l’océan Pacifique, tire sa force du lien éternel entre l’humain et la nature…


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Photo film

Les docus de la chaîne Planète, ça vous manque ?

Pour la petite histoire, Tikopia est une toute petite île volcanique située en Mélanésie d’à peine deux mille habitants, très isolée et éloignée des îles voisines, dont la particularité est de conserver encore des modes de vie issus de la civilisation Lapita. Son roi, Ti Namo, désormais très impliqué dans le débat sur le réchauffement climatique (sa présence médiatisée en octobre 2018 à Grenoble en témoigne), est le protagoniste de ce documentaire dont le sujet ne souffre d’aucune ambiguïté : une civilisation millénaire, menacée d’extinction par l’immixtion des modes de vie occidentaux et les aléas capricieux d’une Terre menacée (l’île est de plus en plus abîmée par les cyclones). Il y avait donc une très belle idée dans le fait de dresser un panorama du lieu et d’en extraire une mise en perspective de la façon dont les modes de vie se confrontent. Des idées que le film ne fait hélas que survoler, certes très éloigné d’un montage d’images telluriques sur fond d’ambiance sonore en mode Deep Forest, mais qui relève davantage d’un document pédagogique, alourdi par une voix off à fond dans la diction lourdement théâtrale – ceux qui étaient déjà allergiques à la voix pédago-pontifiante de Yann Arthus-Bertrand vont serrer les dents. A noter que cette voix est censée être celle de l’île, donc de la nature qui « parle » à l’humain et se veut une sorte de guide omniscient en écho à sa condition organique.

Retranscrire ce lien invisible par des moyens purement sensoriels nécessite un seul critère : il faut s’appeler Terrence Malick, sinon ça ne sert à rien. Cantonné à un intérêt purement illustratif où la bande-son paraphrase le montage au lieu de dialoguer avec lui, ce film de Corto Fajal ne suscite ni fascination ni curiosité ni appel à l’aventure – un comble pour un film se voulant avant tout témoignage d’une civilisation méconnue. Quelques plans évocateurs surgissent ici et là, telles ces ombres chinoises de Polynésiens face à un immense bateau de croisière qui s’approche de l’île, ou encore ce plan final d’un habitant de l’île qui dérive sur sa pirogue au beau milieu de l’océan en pleine nuit. Des images qui, symboliquement, se passent de mots à force de tout dire par leur contenu. Des images qui, pourtant, ne sont ici que de petits îlots perdus dans un océan de pédagogie appliquée, en l’état peu engageant dans une salle obscure si l’on attend d’un documentaire qu’il suscite avant tout l’imprégnation. Comme équivalent des reportages exotiques de la chaîne Planète entrecoupé de bavardages instructifs et d’images rappelant celles d’Haroun Tazieff à la Géode, ça peut passer. Sur un écran de cinéma à des fins évocatrices et viscérales, là, par contre, ça peut frustrer.

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