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Un jeune homme revient dans sa Normandie natale pour vendre le magasin de photos de son père. Il y retrouve son ami, Georges Baluzard, maire du village, qui mène la révolte des agriculteurs locaux contre les prix trop bas de la viande et du lait. Leur salut pourrait bien passer par un photographe américain de passage, qui voudrait immortalisé un groupe de personnes nues dans un champs...
Bizarrement ; lorsqu’est venu le moment de rédiger le synopsis de "Normandie Nue" pour écrire cette critique, tout le début du long métrage est passé aux oubliettes. Exit donc cette jeune adolescente qui raconte l’installation de son père, parisien, dans cette campagne idyllique et l’évolution de celui-ci passant de quelques allers-retours par semaine à la capitale, à un travail entièrement à distance. Mais dans le fond pourquoi cela ? Ce personnage (comme celui de sa fille), est pourtant présent de manière régulière tout au long du film, sensé apporter un autre point de vue sur cette campagne que tout le monde défend (tout en se moquant des rurbains, ces citadins qui s’installent à la campagne, sans en vouloir les inconvénients). L’importance de cette famille est pourtant réelle dans la tentative d’équilibre du récit.
La raison est peut-être bien à chercher par là, justement : dans le manque d’équilibre du récit. Démultipliant les points de vue, Philippe Le Guay ("Les Femmes du 6e étage", "Le Coût de la Vie") finit par n’en adopter aucun, le spectateur ne sachant rapidement plus ce qui est défendu ici : un point de vue social (la galère quotidienne des agriculteur et leur nécessaire entraide), un point du vue humain (avec la description de personnages aux caractères trempés, portant tout le poids d’une petite communauté), un point de vue extérieur critique (via le fils du photographe, les Américains, le parisien fatigué et sa fille), ou un point de comique, avec toutes les ficelles possibles et imaginables, tirées ici une à une.
A force de favoriser en permanence ce dernier trait (la comédie forcenée), l’auteur finit par perdre tous les autres aspects de vue, et pire, à rendre la plupart des situations aussi prévisibles que proches du cliché. Les agriculteurs sont donc des bons vivants, solidaires, accablés par leur travail, mais on n’apprend finalement rien de leurs conditions de vie ni d’eux-mêmes. Visant certainement à flatter un terroir en pleine décomposition, dont le courage n’est certes plus à démontrer, "Normandie Nue" sonne faux de bout en bout, à l’image de cette voix-off de jeune fille récitant son texte, comme le scénario passe en revue tous les clichés du monde rural.
François Cluzet ("A l’origine") fait ce qu’il peut une nouvelle fois en meneur de troupes, François Xavier Demaison joue les pitres en joggeur écolo du dimanche, tandis que Grégory Gadebois ("Angèle et Tony", "Marvin") se parodie lui-même en brute au grand cœur. Quant aux pérégrinations autour de la fameuse photo que souhaite prendre l’Américain, elle sert de prétexte ennuyeux, masquant à l’excès les vrais enjeux de cette petite communauté plus qu’elle ne les révèle. A vouloir donner à tout prix dans la comédie, on rate ici un vrai sujet.
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