© Bodega Films
Un documentaire qui retrace le parcours de Norman Foster, un des plus grands architectes de ces dernières décennies...
Mon dieu, qu’il est agréable de voir un documentaire soigné, et non un énième documentaire filmé caméra à l’épaule en lumière réelle, « parce que ça fait grave plus vrai comme ça ». Les deux auteurs de cette œuvre, en s’attelant à un projet sur Norman Foster, dont le travail parle rapidement de lui-même, ont compris qu’ils s’adressaient à un homme hors-normes et du coup à un architecte particulier. La majorité de ses réalisations frappe par leur beauté et leur ouverture à l’environnement. Foster travaille beaucoup les courbes, les cercles, les matières ouvertes, légères, les espaces sans frontière (les « open-space » comme l’on dit maintenant pour être « in »). Certaines de ses réalisations deviennent presque des œuvres d’art en elles-mêmes, bien que Foster travaille également à ce que ses bâtiments respectent leur environnement. Certaines dénotent franchement et donnent l’impression qu’un œil excentrique est passé par là, d’autres se fondent avec maestria dans le paysage. Quoi qu’il en soit, cela semble la plus part du temps de très bon goût (même si cette notion a en soi ses limites), et en tout cas, agréable, fluide, reposant, jouissif pour nos sens.
Pour transmettre cela, les réalisateurs de ce documentaire ont fait ce que chaque réalisateur au monde devrait faire, mais que si peu font, finalement. Ils ont cherché des angles, les points de vue les plus à même de restituer le corps et l’âme de ces structures. Parfois les contre-plongées - évidentes - ont été utilisées, parfois des vues aériennes depuis le ciel nous permettent de voir les édifices de haut, et de comprendre comment ils s’intègrent dans le paysage. Les oiseaux doivent avoir une belle vue, me direz-vous avec un peu de cynisme. Oui, certes, mais il est admirable de voir comment le regard de Foster s’est démultiplié pour rendre un travail majestueux sous tous ses angles, mais également comment il est en avance sur son temps dans la gestion de l'espace.
L’homme, sur lequel le documentaire s’arrête aussi, est coriace et déterminé (il lutte contre le cancer en faisant du ski de fond), et c’est avec stupéfaction qu’on l’écoute dire ces quelques mots, enregistrés en 2009, lors d’une conférence qui présente le prototype de la ville de Masdar, censée être la première ville écologique sans emprunte carbone. « ‘C’est un scandale qu’il n’y ait que 20 villes comme cela dans le monde, il devrait y en avoir beaucoup plus’. J’image des gens dire cela, souligne Foster, et ils auraient raison. Le problème c’est qu’aujourd’hui, il n’existe pas 20, mais aucune ville comme cela, seulement une, un prototype en construction. Quand allons-nous nous réveiller pour sauver notre monde ? Est-ce qu’il ne sera pas déjà trop tard ? » Il ne s’agit pas le moins du monde de propagande écolo, mais simplement d’un homme préoccupé par son environnement, qui constate des évidences et s’en inquiète. La bonne nouvelle est que cet homme est un architecte de grand talent, et qu’il fait son possible à la fois pour nous éblouir, et pour que ses constructions durent.
Cela est brillamment restitué dans ce documentaire. Pas un temps mort, mais un montage qui enchaîne avec fluidité les perspectives et la vie de cet homme volontaire. Un homme sans doute pas parfait, certes, mais qui a compris beaucoup, et qui essaye de transmettre. La musique, discrète et gracieuse, habille élégamment le tout, que viennent compléter quelques interviews. Ce vieil homme, finalement, nous montre le futur.
LA BANDE ANNONCE
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais