affiche film

© Eurozoom

NOISE


un film de Henry Bean

avec : Tim Robbins, William Hurt, Bridget Moynahan, William Baldwin, Akatarina Filippovna...

Un homme, excédé par le bruit des alarmes de voitures, notamment la nuit, se déguise en un justicier, dénommé le « rectificateur », et fracture des voitures pour en désactiver l'alarme. Un jour, l'une de ses victimes s'assoit à sa table dans un diner's, lui demandant de rembourser les dégâts, sous peine de le dénoncer...


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Photo film

Fantasme partagé

Faire vengeance soi-même, c'est là souvent le leitmotiv de films américains pas toujours politiquement irréprochables. A y regarder de plus près, « Noise » ressemble plus à un plaidoyer citoyen qu'à un de ces films revanchards flirtant avec le populisme. Raconté en une série de flash-back à partir de la rencontre entre le justicier énervé et la jeune femme qui le fait chanter, puis basculant dans une linéarité non sans relief, le film convainc, à la fois sur le fond et sur la forme.

Qui n'a jamais rêvé de prendre un marteau et de laisser aller sa frustration face à la source d'un bruit accablant, répétitif, que vous êtes désormais le seul à entendre, incapable de vous concentrer sur autre chose ? La mise en scène de Henry Bean (dont c'est le second film d'une trilogie des fanatiques après « Danny Ballint ») met le doigt sur différents points, des incivilités égoïstes des faiseurs de bruit, jusqu'à la relativité de l'agression sonore, en passant par l'attitude de protection devenue nécessaire dans une ville noyée dans les nuisances sonores.

La fin, caricaturale et provocatrice, s'offrant un détour par le film de « tribunal », si elle est moralement satisfaisante, s'avère bien moins intéressante que le destin privé tourmenté de celui qui conteste et a décidé de ne pas ce laisser faire. Tim Robbins excelle dans ce rôle d'obsessionnel, aussi inquiétant qu'attendrissant, dont le ou les couples ne sauraient résister aux aspirations destructrices. Il s'agit aussi pour son personnage de grandir un peu, car même s'il y a bien d'autres combats à mener (la pollution visuelle liée aux enseignes ou à la publicité, les problèmes d'odeur liés à la restauration ou au ramassage des ordures...).

Au final, ce que dénonce l'auteur, par cette réjouissante caricature, est plus le manque d'implication citoyenne, que la nuisance elle-même. En ville, le bruit peut être aussi rassurant, signe d'une vie grouillante et d'une présence, mais il peut devenir un enfer. Je suis sûr que, comme à moi-même, « Noise » ne manquera pas d'évoquer quelques doux ou douloureux souvenir. Il constituera en tous cas, un exutoire certain.

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