© Universal Pictures International France
Susan Morrow, galeriste d'art en plein déménagement reçoit le premier roman écrit par son ex-mari Edward Sheffield. Après 19 ans sans contact, elle découvre l'ouvrage, histoire d'une famille prise en otage sur une route désertique. Au fil de la lecture, le trouble s'installe, le récit entrant étrangement en résonance avec son malaise actuel, l'obligeant à repenser à leur relation et l'amenant à envisager de le revoir...
C'est avec un générique des plus intrigants que Tom Ford ouvre son second long métrage. Montrant des femmes aux bourrelets généreux et aux formes dérangeantes, habillées en majorettes, en train de danser à moitié nues au ralenti devant un rideau rouge, son introduction pouvait laisser augurer d'un récit centré sur l'importance des apparences et de la beauté. Si au cœur de cette adaptation du roman d'Austin Green (Suzanne et Tony), il est question de mensonge et de ces apparences qu'on se donne dans le but de réussir, "Nocturnal Animals" est avant tout le portrait d'une femme seule et insatisfaite, rattrapée progressivement par les regrets.
Présenté au Festival de Venise 2016, quelque sept ans après "A Single Man" qui valut à l'époque le prix d'interprétation masculine à Colin Firth, le film est reparti du Lido, à la surprise générale, avec un Lion d'or apparu comme discutable. Tom Ford développe en parallèle le quotidien glacé de cette femme et le parcours d'un homme qui tente de retrouver sa famille, relatant deux souffrances qui se mêlent maladroitement du fait d'enjeux différents. Avec une mise en scène aseptisée, qui certes met en évidence la vacuité de la réussite et d'un certain modèle social, il reste très illustratif et ne maîtrise que difficilement les transitions, souvent abruptes, entre les deux histoires.
Entre frustrations professionnelles et intimes (elle a un compagnon « parfait » et donc inintéressant) et nouveaux espoirs suscités par le livre, le personnage principal fournit cependant à Amy Adams matière à un grand numéro d'actrice. Fin directeur d'acteur, Tom Ford offre aussi à Michael Shannon un rôle de shérif borderline assez inquiétant ainsi qu'à Laura Linney celui d'une mère républicaine frappée, à la coiffure 80's remarquable. Si le scénario s'attache à mettre en avant la superficialité d'un milieu artistique, où tout doit être en permanence nouveau (les amis, les téléphones, tout comme les docteurs), il met aussi en échos les souffrances liées à la perte et à la trahison. Un film papier glacé qui, s'il atteint un dénouement bouleversant lors d'une scène finale d'une sobriété rare, a cependant du mal à trouver un équilibre entre mise en image d'une histoire aux rebondissements aussi sordides qu'amusants, et paraboles sur la durée du couple.
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