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Le père de Charles de Chazelle, dont la société Porc Ever est accusée d'avoir torturé des cochons, voit sa fortune menacée et se réfugie chez Sami Benboudaoud à Nanterre. Il est bientôt suivi par Djamila, sa femme avocate et par son fils Charles, en pleine dépression depuis la défaite de son idole Sarkozy en 2012. Mais face à la réussite de son cousin Sami, sur le point d'avoir son diplôme à SciencePo, ce dernier va réagir et tenter de devenir maire de Nanterre...
Le scénario de cette suite de l’un des hit surprise de l’été 2009, "Neuilly sa mère", met donc en parallèle l'histoire d'amour contrariée de Sami, faite de trahisons, d'usage détourné des réseaux sociaux et de maladresse, et la conquête de la mairie de Neuilly par l'hypocrite animal politique qu'est devenu Charles, son cousin, prêt à tous les mensonges pour parvenir à son but. Les allusions à la récente actualité politique française sont légions et font le sel de cette comédie, certes un peu brouillonne sur la forme, mais délicieuse sur le fond. Et lorsqu'elles n'envahissent pas les dialogues, ces allusions s'affichent dans le décors (la formidable idée du "passage François Hollande" qui croisent l' "impasse Solférino"...) ou elles prennent place en fond sonore.
La tournée des différents partis politique, afin de trouver une place de leader constitue un grand moment, où l'on découvre des personnages tous aussi risibles les uns que les autres mais symptomatiques du mal qui ronge la classe politique actuelle (toilettage du FN par la diversité, affairisme à peine voilé à droite, jeunes entrepreneurs aux dents longues chez d'autres…). Et avec la participation de figures politiques telles que Julien Drey (en responsable accablé de la section socialiste locale) ou Arnaud Montebourg (en professeur), le film prend une dimension assez inattendue.
Côté casting de nombreux noms sont au rendez-vous, faisant pour certains de délicieuses apparitions (voir le passage avec Josiane Balasko), et Sophia Aram remplace avec classe Rachida Brakni. On regrettera juste que le personnage de Valérie Lemercier, un peu trop rare, ne nous offre ici que quelques scènes d'engueulades mémorables, aux dialogues délicieusement épicés. S'amusant des clichés sur la banlieue (le dialogue de la bande dans l'entrée, la panne de l'ascenseur, le bar a chicha…), "Neuilly sa mère sa mère" se permet, en ancrant son intrigue à Nanterre, d'introduire de nouvelles thématiques, gentiment tournées en dérision lors de scènes mémorables avec le voisin blanc plus musulman que musulman, et les garçons "qui aiment la porcelaine" cachés dans la bibliothèque. Un jouissif portrait d'une France bigarrée.
CONTRE : Niveau -2 - Rentre chez toi
Voici donc la suite, dix ans plus tard, de "Neuilly sa mère" (2009), avec, forcément, depuis, quelques changements de vie pour les personnages. Gabriel Julien-Laferrière fait dans la satire politique en s'appuyant sur l'actualité de ces dernières années. Il reprend les personnages du premier opus et les fait transiter dans un monde en plein changement. Cette fois c'est Charles qui va de Neuilly sur Seine à Nanterre, et qui va devoir s'adapter à ce nouveau quartier.
De plus, pour pimenter l'aventure, le réalisateur inverse les rôles : Sami, enfant de la cité, réussit ses études alors que le fils de bonne famille Charles de Chazelle est au fond du trou. Charles toujours en manque de reconnaissance politique, cherche un parti voulant de lui. Mais l’opportunisme de Charles agace rapidement le spectateur, tout comme la naïveté de Sami finit par lasser quelque peu. Si le réalisateur se moque du milieu politique, cette comédie populaire qui tente de trouver le chemin du succès, tombe vite dans la lourde caricature. Et il n’a ni la fraîcheur ni la naïveté du premier opus, provoquant ainsi une grande déception pour les fans.
27-08-2018
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