affiche film

©buena vista international

NAUSICAA DE LA VALLéE DU VENT

(Kaze no Tani no Naushika)


un film d'animation de Hayao Miyazaki

avec : les voix (japonaises) de Sumi Shimamoto, Mahito Tsujimura, Hisako Kyôda, Goro Naya …

Dans un avenir post-industriel, une végétation parasitaire appelée Fukai et dans laquelle fourmille un incroyable bestiaire d’insectes surdimensionnés, a recouvert une bonne partie de la surface de la Terre. Les humains, se cantonnant aux espaces sains et fertiles, où ils survivent en groupe tant bien que mal. L’une de ces colonies réside dans la vallée du vent. Mais tout bascule pour ses habitants le jour où un avion de Torumekia, un royaume voisin, s’y écrase. En effet, l’armée torumekienne ne tardera pas à débarquer pour faire un coup d’Etat ! Son but : récupérer le « Dieu Soldat », qui était dans le cargo crashé, et s’en servir d’arme contre le Fukai qui ne cesse de gagner du terrain. Mais une femme, s’élevant contre ces oppresseurs, sait pourtant que tout ceci ne mènera qu’à une apocalypse certaine. Il s’agit de Nausicaa, princesse de la vallée du vent …


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Photo film

Les insectes sont nos amis !

Je tiens à m’excuser pour le long résumé, mais Nausicaa se révèle d’une telle densité qu’il est difficile de faire mieux ! Autant dire que nombreux étaient ceux qui s’impatientaient de la sortie de ce film sur nos écrans français. Une date de sortie attendue donc, d’autant qu’il s’agit du seul film de Miyazaki encore non-sorti en France. On se demande pourquoi d’ailleurs, car sa réputation à travers le monde n’est plus à faire. Son succès important à sa sortie en 1984 permit alors à Miyazaki de sortir de l’ombre et de créer par la suite le célèbre studio Ghibli.

Deuxième film du réalisateur, il n’en est pas moins sa première œuvre « personnelle », Le Château de Cagliostro (1979), sa précédente réalisation, relevant plus d’une commande co-produite par Disney. Et cela transparaît à l’écran à travers une histoire qui déborde d’imagination. S’inscrivant dans le sous-genre « science-fiction post-apocalypse » qui n’en était qu’à ses balbutiements à l’époque, Miyazaki se démarque en développant un monde où, une fois n’est pas coutume, ce ne sont pas les extraterrestres ou les robots qui dirigent la terre, mais une faune et une flore des plus surprenantes.

Et peut être, à tort, le spectateur pourrait se retrouver mal à l’aise, plongé, dans un premier temps, parmi des insectes effrayants et des mycoses purulentes aux couleurs verdâtres. Mais force est de constater que le réalisateur japonais nous introduit dans un univers d’une originalité rare. A tel point qu’aucun film (à mon humble connaissance) n’immerge dans un paysage qui s’en rapproche. Toutefois, une fois retourné dans le « monde des humains » retrouvons-nous une esthétique propre au réalisateur (grands espaces verts, petit village à l’européenne …) Par la suite aurons-nous même le droit à plusieurs batailles aériennes, façon Château dans le ciel (1986). Loin de faire bande à part dans la filmographie de Miyazaki, Nausicaa pose finalement les bases des succès futurs du maître. Et le scénario en fait de même …

En effet, l’histoire de cette princesse qui, dans un monde animé par la guerre, se bat pour la sauvegarde de la Nature n’est pas sans rappeler Princesse Mononoké (1998). Les ressemblances entre les deux films rempliraient même un livre entier tant elles sont importantes. Et cela se joue au plan près dans certaines séquences ! Mais la plus grosse ressemblance se pose dans le fond. Tous deux prônant l’écologie et le respect de Mère Nature, Nausicaa s’avère plus explicite et engagé. Dès un petit texte d’introduction pré-générique, la société industrielle est clairement montrée du doigt. Et ce durant tout le film, où tout ce qui se rapprochera d’une technologie irresponsable, se trouvera dans les mains de belligérants tout autant irresponsables. Et à l’inverse, Nausicaa et son peuple, usent du vent à l’appui de leur survie. Et sans y prêter une attention particulière, c’est finalement à un inattendu plaidoyer en faveur des énergies renouvelables, auquel nous avons droit ! Autant dire qu’en 1984, cette position était plus qu’avant-gardiste.

Plus utopique que Princesse Mononoké, il en devient par là même plus rigide. En effet, alors que Nausicaa dénonce nos fâcheuses tendances à surexploiter les ressources de la Terre afin de les retourner contre elles-mêmes, Mononoké, en plaçant son action dans un Japon du 17 ème siècle pas si imaginaire que ça, pose le problème du nécessaire développement de l’Humanité et de ses effets sur l’environnement. Et cette rigidité transparaît également dans le personnage de Nausicaa, dont la mentalité n’évolue finalement que très peu au cours du film, là où San Mononoké laisse tomber au cours du film les barrières de son extrémisme. A fortiori, le récit en subit les conséquences. Les situations se répètent parfois un peu et, bien qu’on ne se lasse pas, cela n’aide parfois pas à suivre le fil d’un scénario fort complexe. Aussi, malgré cette complexité, regrette-t-on parfois que quelques éléments ne soient pas explicitées (comme « les sept jours de feu », brièvement représentés lors du générique.)

Mais il ne faut pas s’y tromper ! En réalité, Nausicaa frôle la perfection. Le problème est qu’il souffre juste un peu de la comparaison avec Princesse Mononoké (qui, lui, est parfait !) Dans tous les cas, force est de constater que ce film ne subit pas les assauts du temps. Avec une animation qui n’a rien à envier aux dernières productions assistées par ordinateur, le réalisateur japonais semblait déjà avoir trouvé son style. Plans virevoltants, animation des personnages toute en émotion, et tout ceci porté par la musique d’un Joe Hisaishi fort mature … aucune hésitation : c’est du grand Miyazaki !

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