Dans une famille d'origine étrangère, le plus grand des fils ramène des caisses contenant de la « marchandise » à la maison. Son père, furieux, demande de quoi il s'agit et d'où vient son argent, lui conseillant violemment de trouver un véritable job au lieu de s'adonner à on ne sait quel trafic. Son plus jeune frère, lui, regarde son aîné avec admiration, l'effet chef de bande constituant aussi bien pour lui un passe-droit avec les alliés du frère, qu'une malédiction lorsqu'il croise ses rivaux...
Film britannique découvert dans la section pour ados du Festival de Berlin en 2012 (Generation 14Plus), « My brother the devil » nous introduit au sein d'une famille dans laquelle le frère aîné fait figure de modèle pour son cadet. Débrouillard, celui-ci joue les revendeurs et se fait un maximum d'argent, de manière aussi rapide qu'apparemment sans danger. La nuit, une superbe jeune femme black vient le rejoindre en passant par la fenêtre pour éviter d'alarmer des parents déjà forts réprobateurs de son comportement. Pour le plus jeune, le nom de son frère sert de passe-partout ou de protection, même si celui-ci le tient à l'écart de ses activités. Mais vis-à-vis d'autres clans, il constitue aussi une source de danger indéniable.
Le scénario de « My brother the devil » semble aller crescendo dans une violence prévisible, guerre de gangs prête à dégénérer à force d'un armement chaque fois plus efficace (la première agression a lieu à l'arme blanche, dans la rue, déclenchant les premiers heurts...), mais aussi d'un cycle infernal de vengeances... Efficace dans sa mise en scène, jouant de ruptures de rythme, Sally El Hosaini pose ses personnages comme des durs, aussi implacables que leur environnement social est sans pitié.
Mais là où le film surprend, c'est lorsque tout à coup le scénario prend un virage inattendu. Ce frère « modèle », ce diable redouté ou méprisé montre alors un visage humain, que sa condition sociale lui oblige à cacher. Histoire de masques, de rôles que l'on se donne, « My brother the devil » vise juste, en prenant le contre-pied de tous les clichés qu'il semble charrier dans un premier temps. Une vraie bonne surprise dans laquelle on retrouve avec plaisir Saïd Tagmahoui dans un rôle de photographe maghrébin qui poussera le jeune homme à s'affirmer, même s'il doit renier une partie de sa culture.
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