affiche film

© Paramount Pictures France

MONSTRES CONTRE ALIENS

(Monsters vs aliens)


un film d'animation de Rob Letterman et Conrad Vernon

avec : les voix de Louise Bourgoin, Stéphane Freiss, Julien Doré…

Le jour de son mariage, la jeune Susan Murphy reçoit sur la tête une météorite qui la transforme en un monstre de plus de 20 mètres. L’armée neutralise la géante et l’incarcère dans une prison secrète pour monstres, où la nouvelle, rebaptisée « Génormica », fait la connaissance de ses compagnons d’infortune : le docteur Cafard, Triton le maillon manquant, Bob le gélatineux et l’immense Insectosaure...


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Photo film

La condition de dessin animé

C’est un véritable festival de références à la science-fiction et aux bons vieux films de monstres qui attend le spectateur de la dernière production des studios DreamWorks. Sur une trame qui n’est pas sans rappeler « La guerre des mondes » spielbergienne, « Monstres contre Aliens » affiche une brochette de créatures héroïques qu’on croirait sorties des classiques de la série B – « La fille de cinquante pieds » pour Susan, « L’étrange créature du lac noir » pour Triton, « Le Blob » pour Bob, « La mouche » pour le docteur Cafard, « Godzilla » pour Insectosaure – et qui doivent affronter une menace d’invasion extraterrestre lancée par un mégalomane des étoiles.

Cet improbable bestiaire convoque également « Monstres et Cie » tandis que les scènes d’action font explicitement écho à celles des « Indestructibles » : trop de Pixar dans le texte ? Dans la course à la qualité animée il semblerait que DreamWorks demeure toujours en léger retrait des inventeurs de « Wall.E » et autres merveilles. Ce qui n’empêche pas le film d’être plutôt agréable à regarder, d’autant que la 3D apporte un petit « plus » esthétique assez futile mais techniquement réussi.

Bien que sympathique, l’usage de la 3D ne suffit pourtant pas à donner du relief à un scénario qui manque cruellement de profondeur. Perpétuellement tiré vers le bas de par un humour très prosaïque (« Grandis un peu ! » lance Derek à sa fiancée devenue géante) et des péripéties dont l’enchaînement reste convenu, surtout dans la seconde partie, le scénario n’exploite que trop épisodiquement ses multiples qualités, principalement dans l’usage qui est fait ici de personnages a priori excellents : au final, les monstres qui entourent l’héroïne ne servent que de faire-valoir.

Il y a, toutefois, une séquence très amusante, qui aurait pu (et dû) servir de patron à un film autrement plus cynique : une réunion de l’état-major américain où un président stupide et une secrétaire froussarde assurent le spectacle avec force gesticulations et hurlements, tandis que des militaires belligérants proposent des alternatives ubuesques aux attaques d’un robot géant (« On le détruit et on instaure la démocratie à l’intérieur », etc.). On regrette forcément que cette veine nettement plus osée ne soit pas fouillée.

A l’inverse du concurrent direct Pixar, dont les films possèdent cette magie qui leur permet de se sublimer et de devenir des chefs-d’œuvre à part entière, les productions de la firme de Katzenberg échouent presque toujours à transcender leur condition de simples dessins animés, demeurant de banals objets de consommation incapables de briser leurs carcans conventionnels, inaptes à s’éloigner des rivages du consensuel. « Monstres contre Aliens » ne fait pas exception, en ce que chaque bolée d’air frais subversif a son immédiate contrepartie : la femme devenue monstre se complaît dans sa nouvelle marginalité mais conserve malgré tout son apparence humaine et sa beauté, donc elle n’est pas complètement un monstre non plus.

Abus du politiquement correct ? Manque de courage ? C’était déjà le problème avec la série des « Shrek ». Il semblerait que le forçat DreamWorks éprouve une grande difficulté à se libérer de ses chaînes-Disney, dont il essaye visiblement de squatter la place laissée vacante ces dernières années ; peut-être parce que le studio n’a tout simplement pas la force de proposer des créations qui dissimuleraient une véritable profondeur derrière leur impertinence de surface ?

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