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L’histoire d’un écrivain qui accèdera au succès grâce à la rencontre d’une étudiante qui deviendra son alter-ego et lui inspirera l’idée de se transformer en romancier juif…
Choisir pour son premier film de raconter plus de 40 ans de la vie d’un écrivain qui traverse les époques, en assurant à la fois la mise en scène, le scénario et le rôle principal, c’est ambitieux. Le premier film de Nicolas Bedos est à la fois une comédie romantique classique et une réflexion sur les difficultés de l’écriture. C’était un énorme défi pour un cinéaste débutant, d’autant qu’il avait la prétention de ne pas en faire une comédie facile et commerciale. On peut dire que le résultat est à la hauteur, et ce pour plusieurs raisons.
L’histoire repose sur un concept simple mais habile : un auteur (Nicolas Bedos) qui peine à trouver son style va rencontrer une étudiante en lettres (Doria Tillier) qui sera capable d’évaluer son travail à sa juste valeur, lui permettant de s’améliorer, tout en ayant un effet « castrateur ». L’idée est de faire en sorte que le sujet au coeur du propos – quasi-autobiographique du réalisateur – soit le moteur de la romance et non pas un élément parallèle superflu. Cela permet de mettre en place la question du couple d’artistes et de ses conséquences sur la relation humaine. Le récit prendra ensuite une autre dimension en poussant le concept jusqu’à la substitution de personnalité dès que l’écrivain décidera d’«emprunter » l’identité juive de sa femme lorsqu’il constatera que cela constitue pour lui une réelle inspiration libératrice.
Si le film fonctionne, c’est parce qu’il prend le parti de se dérouler sur un temps long, avec un montage dynamique « à l’américaine », comme le revendique Bedos. Il se construit comme la chronique d’un destin, dont le déroulement nous est présenté à travers le prisme du témoignage de la narratrice (Doria Tillier) qui l’oriente à sa convenance. Ainsi, le métrage parvient à traiter son sujet jusqu’au bout, en lui donnant une réelle consistance. Le montage est également au service de la comédie en créant un décalage entre la version des événements tels que les présente la narratrice et la réalité, et en plaçant un certain nombre de gags et de métaphores visuelles.
Enfin, l’aspect le plus réjouissant de l’oeuvre est son second degré. L’histoire du couple suit le fil rouge du déroulement des événements politiques du pays de manière ironique. Cela permet à Bedos de prendre du recul et de jouer sur son image de bobo parisien, et de s’amuser avec des rapprochements décalés (il insulte sa femme en la comparant à Anémone Giscard d’Estaing, et se dit autant déçu par son fils que par Mitterand). On sent également les références à Woody Allen (avec le psy et la famille juive). Au final c’est très drôle, avec de bons dialogues et pas trop politiquement correct. Nicolas Bedos est étonnamment bon dans son rôle ; il trouve le ton juste sur toute la durée, alors que Doria Tillier est plus inégale. Enfin, inutile de dire que Pierre Arditi et Denis Podalydès sont impeccables.
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