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Suite à une violente chute de ski, Tony, la quarantaine, est admise dans un centre de rééducation. Durant les premiers jours de son séjour, une psychologue suggère que sa blessure au genou pourrait être révélatrice d'une douleur enfouie dans l'inconscient, liée à un lourd passé dont elle aurait du mal à s'affranchir. Pendant sa convalescence, Tony va se remémorer l'histoire passionnelle et tumultueuse qu'elle a vécue avec un homme du nom de Georgio...
Le visage de Tony est marqué lorsqu'elle arrive dans le centre de rééducation. L'une des premières scènes nous met sur la voie. Il faut à présent qu'elle se relève d'une histoire d'amour révolue mais dont elle continue de porter les stigmates. C'est par le biais d'intenses flashbacks que Maïwenn nous conte cette passion dévorante et destructrice.
Depuis "Polisse", les cadres de la réalisatrice se sont visiblement assagis. Mais sa manière si unique de diriger ses comédiens n'a visiblement pas bougé d'un iota et ce, pour notre plus grand plaisir. Toute la force de sa mise en scène réside dans sa capacité à capturer les moments forts de la vie en laissant à ses acteurs la liberté de composer sans barrière, ni contraintes, les laissant parfois en improvisations totales. Le naturel transpire de la pellicule et est exacerbé par les impressionnantes performances du casting.
Emmanuelle Bercot, très justement récompensée du prix d'interprétation féminine cannois, passe du bonheur au mal-être avec une facilité déconcertante. Ses crises envers Georgio sont saisissantes et sidérantes de réalisme. Face à elle, Vincent Cassel crève l'écran dans ce qui est certainement son meilleur rôle au cinéma. Georgio est un bon vivant, propriétaire d'un restaurant, toujours dans l'excès et très théâtral. Cassel réussit brillamment à user de tout son charme, de sa tchatche et de sa flamboyance pour rendre ce pervers narcissique des plus attachants. Au travers d'une dualité des plus désarçonnantes, il réussirait presque à nous rendre autant admiratif de cet amant toxique que le personnage de Tony ne l'est elle-même !
Car "Mon Roi", c'est cela : le point de vue d'une femme éperdument amoureuse qui illustre à la perfection les fameuses expressions "l'amour rend aveugle" ou encore "l'amour a ses raisons que la raison ignore". Et ce ne sont malheureusement pas les hilarantes saillies humoristiques portées par un irrésistible Louis Garrel qui lui feront entendre raison. Tony persévère, comme beaucoup d'autres dans la vie, à croire au renouveau salvateur d'une nouvelle relation bénie, jusqu'au point de non-retour ; l'éclair de bon sens qui lui fera réaliser qu'elle vit une liaison néfaste pour son bien-être. Son Roi apparaît alors comme un parasite obsédé par l'idée de revenir avec elle pour ponctionner le peu de vitalité qu'elle a réussi à regagner de leur éloignement.
En parallèle, on assiste à la reconstruction de Tony au centre de rééducation et c'est par la fréquentation de gens simples qu'elle trouve la force de tourner la page. Maïwenn excelle encore dans son art de capturer les moments bouleversants d'authenticité tout comme les instants de bonheur fédérateurs. Un grand film d'acteurs dont on ressort lessivé.
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