© Damned Distribution
Le jeune Segundo semble vouloir suivre les traces de son père, un artisan créateur de Rétables, reconnu dans la région. Il passe ses journées à l’atelier à travailler la terre et le bois, l’accompagne à la ville, pour vendre les œuvres au marché et à divers clients. Mais lors de l’un de ces voyages, il va découvrir un terrible secret...
Mention spéciale à l'Ours de Cristal dans la section pour ados (Generation 14Plus) et Teddy Award du meilleur premier film au Festival de Berlin 2018, "Mon père" est un film péruvien, dont l’action se situe dans une petite communauté traditionnelle des Andes, entre élevage, artisanat et traditions. Tourné en langue quechua et en partie en espagnol, le film aborde des sujets encore tabous dans ce pays, et possède une identité visuelle forte, montrant l’isolement d’un personnage à l’aube de l’âge adulte, devant apprendre à accepter la nature des autres afin de mieux trouver son propre chemin.
Peinture subtile d’une relation père-fils, vue au travers des yeux de l'adolescent, le film examine la manière dont la figure paternelle, servant de modèle, peut s'effondrer avec la découverte d'un lourd secret capable ici de détruire le noyau familial tout comme de provoquer l'exclusion de toute la famille de la communauté. Éloigné des rites de virilité (les combats lors de la fête du village), des préoccupations des jeunes de son âge (son jeune ami éleveur de cochons ne pense qu'à "baiser" des filles), Segundo se pose en observateur renfermé ballotté entre désir d’indépendance et compassion envers ses parents.
Regardant sa mère pester au travers d’une fenêtre, écoutant sa discussion avec la grand-mère caché sous une autre, il va peu à peu apprendre la responsabilité et une certaine forme de tolérance. Álvaro Delgado Aparicio, lui, compose de superbes plans, signifiant l’enfermement du personnage dans une destinée toute tracée. Il introduit l’atelier en filmant la profusion depuis une étagère de retable, posant ces figurines en témoins d’une évidente complicité père-fils, avant de nous plonger dans une ville et son bouillonnant marché. Il consolide la sensation d’isolement, ceinturant ses personnages d’un halo d’obscurité, qu’il s’agisse de la mère, boiteuse, qui cuisine, ou des deux ados qui boivent à l’entrée d’une grotte. Et c’est avec une infinie tendresse qu’il conclut son film, entre transmission (les gestes usuels reprennent le dessus…) et choix de sa propre destinée.
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