© Rezo Films
Joseph Klein est un journaliste de terrain. Auteur de reportages engagés, il s’attelle à un nouveau projet, celui de suivre le grand homme d’affaire Michel Ganiant dans ses moindres gestes...
Quel étrange parti-pris que voilà ! «Moi, Michel G…» est une fiction qui se compose uniquement d’un faux documentaire. D’un bout à l’autre, cette fiction-docu (ou « documenteur ») s’applique à décortiquer tous les rouages pernicieux du capitalisme moderne. Pour humaniser cette démonstration, le réalisateur centre son sujet sur un seul et même personnage : Michel Ganiant. Inspiré sans nul doute de Bernard Tapie, notre héros a tout de même un style qui lui est propre : il est aussi ridicule que vicieux. Sur ce plan là, l’interprétation de François-Xavier Demaison est parfaitement crédible, l’acteur au physique franchouillard n’en est pas moins un ancien expert en fiscalité financière et incarne impeccablement le patron milliardaire stratège, avare de scrupules.
Or malgré quelques beaux effets graphiques, la parodie reste brute de décoffrage. Se cachant derrière son idée «originale», le réalisateur oublie d’y apporter un tant soit peu de valeur ajoutée. Le film défile alors tel un tutorial sur les dérives du capitalisme. Au début, l’explication enfonce des portes ouvertes, considérant le spectateur comme novice, puis il devient de plus en plus pointilleux. Malheureusement, toutes les situations sont traitées avec le même intérêt et le spectateur lambda se retrouve, petit à petit, dépassé par ce cours magistral sur les tractations boursières.
Pour mettre en scène cet enseignement, Stéphane Kazandjian se perd dans un didactisme gentillet. Nullement cynique et mordant, le film se veut drôle alors qu’il ne l’est pas du tout. De plus, le faux journaliste, qui réalise le faux documentaire révèle bien peu de charisme. Avec un look proche de celui du «gendre préféré des français», le personnage de Laurent Lafitte peine à se montrer crédible en «poil à gratter du PAF». Ses petites réparties cinglantes, souvent bien écrites, sont diluées dans un ton monocorde et mielleux.
Contemporain des œuvres de Sacha Baron Cohen, Morgan Spurlock et Michael Moore, ce film semble totalement anachronique. Moins cinglant que «Groland», moins drôle et explicite que les «Guignols de l’info», «Moi, Michel G…» se contente simplement d’être une bien mauvaise parodie du meilleur de la télévision française.
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